JohnSteed

559 votes

  • Le Fils du père

    Víctor Del Árbol

    8/10 L’auteur espagnol, après son escapade ougandaise avec « Avant les années terribles », revient sur sa terre natale meurtrie par un XXème siècle ravageur pour son pays.

    Dans la cellule occupée par Diego Martin, incarcéré pour meurtre, sont découvertes différentes notes qu’il a écrites. Elles racontent comment il en est venu à tuer Martin Pearce, cet infirmier qui s’occupait personnellement de sa sœur, Liria, « coincée à l’intérieur de son corps » et internée à la Forêt de Cendre, clinique à destination de personnes dépendantes.

    Avec Le fils du père, on découvre l’histoire de cette famille qui, sur 3 générations, a subi malheur et souffrance. Ce livre dévoile toutes les rancunes et rancœurs entre père et fils. Cette haine, sentiment aussi fort et puissant que l’amour, va se transmettre de générations en générations, d’où vont naître toutes les formes de violence, comme l’autodestruction, symbole d’un héritage familial.

    Comme à son habitude, Victor Del Arbol raconte avec talent le destin tragique de cette famille, où la Grande Histoire du pays apporte son grain de sel, et où le malheur semble, comme une malédiction, comme ces racines de la famille, attirer tous ceux qui portent le nom de Martin.

    Un roman puissant et touchant, une autre pièce dans la magnifique et incontournable œuvre de l’auteur espagnol.

    11/03/2024 à 14:08 4

  • Comme si nous étions des fantômes

    Philip Gray

    7/10 Sur le papier, ce 1er roman de Philip Gray avait tout pour me plaire : le cadre historique (cette terrible, désastreuse mais passionnante Première Guerre mondiale qui a posé le socle du XXème siècle), le souci des précisions historiques (Philip Gray a procédé à un gros travail de recherches) et une référence littéraire alléchante plaçant ce livre à la croisée d’Au revoir là-haut et Un long dimanche de fiançailles (excusez du peu !).

    En parcourant cette histoire, cette recherche de son fiancé, le colonel Edward Haslan, porté disparu en août 1918, par Amy Vanneck, j’ai été vite séduit malgré les quasis 500 pages que compte ce roman. En ce mois de février 1919, les champs de bataille de la Somme ne sont pas désertés. Des soldats, tous volontaires, tentent de rechercher les corps des soldats enfouis sous la terre meurtrie par tant de bombes ou enterrés au fond des tranchées. C’est dans ce cadre où les fantômes sont plus présents que les vivants qu’Amy souhaite tenir sa promesse et trouver au moins le corps de son être aimé, malgré les réticences du commandement anglais.

    Si, au final cette trame fut un peu tiré par les cheveux, Comme si nous étions des fantômes m’a permis de découvrir l’importance de la drogue dans les combats, « ces pilules de marche forcée », produit de la cocaïne, du laudanum et de la morphine, et, également du rôle du Chinese Labour Coprs, ces travailleurs chinois non soldats incorporés dans l’armée britannique pour réaliser différents travaux du génie (construction de voies ferrées pour acheminer plus facilement les armes lourdes et matériels dans les zones de combat).

    Un roman qui pêche par un manque de profondeurs dans la psychologie des personnages et par une multitude de détails ou de faits secondaires qui étouffent cette quête dont le rebondissement final aurait pu être mieux exploité.

    04/03/2024 à 13:52 7

  • Kalmann

    Joachim B. Schmidt

    8/10 Kalmann est le personnage central de ce roman, cet être « enfantin » d’une petite quarantaine d’années, dont la vie est réglée comme du papier à musique. Pêcheur de requin, dont il prépare le 2ème meilleur requin fermenté de l’Islande, après son grand-père, qu’il visite à l’hôpital tous les samedis, Kalmann vit à Raufarhöfn, petit port islandais, confronté à la crise économique, aux quotas de pêche, à la désertification et au réchauffement climatique.

    Si ce livre porte son nom, c’est que Kalmann va nous faire découvrir la vie de Raufarhöfn, alors qu’il vient de découvrir une énorme tâche de sang dans la neige, tandis qu’il allait chasser le renard des neiges, le Schwartzkopf. Lui, un peu l’idiot du village, qui se promène avec son chapeau de cowboy, une étoile de shérif à la poitrine et son pistolet, un Mauser, héritage de son père biologique américain, va faire déambuler le lecteur dans ce port tout au long d’une enquête sur la disparition de Robert McKenzie, l’homme le plus important du village, qui sert de prétexte aux pensées drôles, amusantes et, malgré tout, remplies de sagesse.

    Ce livre nous fait découvrir un versant méconnu de l’Islande et un personnage naïf mais attachant. Un livre plaisant dont la lecture rapide encouragerait l’auteur à écrire rapidement une suite.

    29/02/2024 à 13:55 7

  • La Revanche

    Arttu Tuominen

    8/10 Quand on a entre les mains un polar dit « scandinave », deux attitudes s’offrent à nous : soit on estime qu’Henning Mankell est le maître incontestable et incontesté du genre et on s’isole dans d’autres genres ; soit on continue à découvrir de nouveaux auteurs scandinaves et plonger dans les polars où tous les ingrédients (ambiance froide, rythme en douceur, dénonciation de l’évolution des mentalités fermées des sociétés,…) sont présents et développé avec talent.

    Soit (oui, il y a une 3ème attitude ; oui, je triche) on admet que Mankell est le maître du genre et cela ne nous empêche pas de continuer à découvrir de nouveaux auteurs venus du Nord. Si vous êtes un.e fin.e connaisseur.euse du polar scandinave, vous avez peut-être lu ou entendu parler d’Arttu Tuominen. Récompensé par de nombreux prix depuis son premier livre, Le Serment, l’auteur finlandais déroule son talent d’écrivain avec La Revanche, son second d’une série du Delta, lieu de Finlande où se déroule la vie de ses différents policiers protagonistes des enquêtes.

    A Pori, un attentat visant une boîte de nuit fréquentée par la communauté LGBT fait 5 morts. La police locale se voit à peine confier l’enquête qu’une vidéo est postée : celui qu’on appellera « Le Messager » y dénonce la dérive de la société finlandaise et exhorte, au nom de la Bible, que l’homosexualité soit éradiquée du pays et invite la population à prendre part à cette lutte nécessaire pour rétablir l’ordre. Oksman et Paloviita sont chargés de l’enquête. Oskman, dont la présence à la boîte de nuit peu avant l’attentat, habillé en femme, souhaite cacher à ses collègues ce lourd secret, bien que témoin recherché activement.
    Une enquête très prenante où la tension entre les pro et les anti LGBT est à son comble. Les vies professionnelles et personnelles des enquêteurs apportent un autre fil conducteur très plaisant. Tous les protagonistes sont bien développés, avec une mention spéciale pour le pasteur Mikael Fredriksson qui prêche pour une religion plus proche des nécessiteux et des exclus.

    Arttu Tuominen s’inscrit avec La Revanche parmi les meilleurs écrivains de polars scandinaves, dont j’attendrai avec intérêt ses prochaines sorties littéraires.

    26/02/2024 à 13:44 3

  • Leurs enfants après eux

    Nicolas Mathieu

    7/10 Tranche de vies dans cette région dévastée par la crise industrielle des années 90. Nicolas Mathieu décortique la vie de jeunes, Anthony, Hacine, Steph, le Cousin, lycéens à Heillange, un bourg rural où les familles subissent de plein fouet la fermeture des usines métallurgiques locales.

    Entre désœuvrement, lassitude, fatalisme et déterminisme, ces jeunes subissent ou « enragent » leur vie.

    Un livre où la mélancolie transpire à chaque page, un roman générationnel dans lequel je me suis retrouvé et ai partagé des souvenirs. Peu d’action, pas de suspense ou de fil conducteur sauf celui de construire ou subir sa vie et tenter d’échapper ou pas à son héritage social et culturel.

    23/02/2024 à 10:07 2

  • Au bon vieux temps de Dieu

    Sebastian Barry

    6/10 Tom Kettle passe sa retraite de flic dans une annexe d’un château en bordure de mer. Il vit parmi ses souvenirs et les fantômes qui l’habitent. La vie n’a pas épargné Tom Kettle. S’il a pu rentrer dans la police irlandaise, c’est surtout grâce à ses états de services dans l’armée, et ses qualités de tireurs, lui qui a combattu en Malaisie. Car, cela a permis d’oublier qu’il était quasiment un orphelin. Policier méritant, Tom Kettle a aussi été un mari aimant et aimé et un père comblé. Ces êtres chers, sa femme June et ses enfants Winnie et Joseph ne sont plus vivants, sauf dans ses pensées et ses souvenirs.

    D’ailleurs, comme souvenir, les deux flics qui viennent frapper à sa porte vont en réveiller un, et des plus douloureux. Car l’enquête sur l’assassinat d’un prêtre n’est pas close et, officiellement, la police demande l’aide de Tom Kettle.

    Au bon vieux temps de Dieu n’est pas un polar. On est dans un roman qui décrit les pensées de Tom Kettle qui vit très fréquemment dans ses tristes souvenirs et ses sombres pensées. On découvre son histoire, sa vie et ses amours pour June et ses enfants. Au bon vieux temps de Dieu est un roman où l’auteur et l’Irlande règlent ses comptes avec l’Eglise et ses actes ignobles de pédophilie. Un roman âpre et difficile dans lequel je me suis souvent perdu. Un roman exigeant proposant un sujet intéressant mais dont le style m’a dérouté.

    23/02/2024 à 08:53 2

  • Cadres Noirs

    Pierre Lemaitre

    8/10 Cette histoire d’homme, un chômeur de longue durée, Alain Delambre, qui tombe dans une spirale infernale et qui va l’entrainer dans un piège machiavélique, m’a vraiment plu. On prend fait et cause pour cet homme qui veut indéniablement se sortir de sa misère et de sa condition de petit employé de bas niveau, aidé et soutenu par sa femme, pleine de compassion et remplie d’amour. Et quand il déploie toute une stratégie pour réussir cet entretien inimaginable et inespéré pour un emploi qui lui correspond, on le soutient et l’encourage, nous lecteurs remplis d’empathie et de bienveillance.

    Mais, comme je l’ai dit, Alain va tomber sur plus calculateurs voire stratèges que lui. Mais Alain ne dira pas son dernier mot sans que l’on comprenne à qui on a affaire…

    Cadres noirs nous fait traverser toutes les émotions au fil de l’histoire : commisération, compassion, colère et horreur, notamment. Mais toujours avec le sentiment d’espoir : espoir d’une fin heureuse, d’un dénouement bienveillant. Mais toujours avec une certitude : Pierre Lemaitre nous a concocté un bon polar, même si je regrette un milieu de livre, un changement de protagonistes, certes nécessaires à l’histoire, mais qui casse l’intrigue et le rythme du roman.

    13/02/2024 à 16:57 7

  • ... Et justice pour tous

    Michaël Mention

    9/10 On termine à peine … Et justice pour tous qu’on ne peut s’empêcher de constater que cette trilogie anglaise de Michaël Mention est une réussite. Aucune faute, aucun défaut dans ces 3 livres qui la composent.
    …Et justice pour tous conclut admirablement bien le cycle initié avec Sale temps pour le pays. On retrouve ici Mark Burstyn, viré après l'affaire de l'éventreur du Yorkshire, et son ancien collègue Clarence Cooper.

    Rongé par l’alcool et les remords, Burstyn va venger sa filleule, tuée par un chauffard qui a pris la fuite sans laisser d’adresse. Mais voilà, le fin limier reprend du service, de manière officieuse. Il va quitter Paris où il vivait reclus avec ses démons pour en retrouver et en combattre d’autres aussi puissants et ravageurs.
    Parallèlement, Clarence Cooper mène une enquête sur des corps d’enfants retrouvés dans les sous-sols de l’orphelinat St Ann. Si le père Tom est accusé, cette affaire va se révéler plus périlleuse pour beaucoup de personnes voire personnages. On est au Yorkshire et ce pays est sale, ne l’oublions pas.

    Michaël Mention a accouché d’un livre qui sent aussi bien la tristesse, que le malheur ou la testostérone. Encore une fois, l’auteur français ne ménage pas son lecteur. Il le bouleverse, le secoue, le prend par les tripes pour mieux l’achever. Le pire, c’est qu’on en redemanderait bien encore. Masos ? Peut-être. Admiratif du talent de Mention ? Certainement.

    13/02/2024 à 15:45 5

  • Les Rancoeurs et la Terre

    Kimi Cunningham Grant

    9/10 Teresa vient signaler la disparition de son fiancé, Transom Shultz au shérif de Fallen Mountains, surnommé Red. Après 22 ans de presque bons et loyaux services, alors qu’il s’apprêtait à faire valoir ses droits à la retraite, Red décide de mener sa petite enquête, histoire de voir ce que les gens du coin pensent de ce qui pourrait être advenu à Transom. Ce dernier était dernièrement revenu sur ses terres natales, après 17 ans passés à faire fortune sur d’autres terres. Transom aimait partir sans données de nouvelles pendant quelques jours. Mais la présence de son téléphone dans son véhicule interroge Red sur un simple départ volontaire.
    Le shérif interroge Chase, l’ami d’enfance de Transom et, dès lors, les regards soupçonneux se tournent vers Possum, un ancien camarade de classe dont Transom aimait beaucoup se moquer au lycée.

    Ce polar attachant nous entraîne dans le tumulte de l’enquête, alternant le passé (l’histoire de Transom) et le présent (l’enquête menée par Red).
    J’avais découvert Kimi Cunningham Grant avec Le silence des repentis que j’avais adoré. Celui-ci était son second livre mais sa première édition en France. Ici, l’autrice américaine confirme la beauté de son écriture, la profondeur de ses personnages et la sensibilité de ses intrigues, qui lui avait valu le Prix Découverte Polars Pourpres décerné au Silence des repentis en 2022. En effet, Les Rancoeurs de la terre n’a rien à envier à son successeur. Liens familiaux, les ombres du passé, la puissance de la nature,… sont les thèmes récurrents qui se dévoilent à la lecture de son œuvre. Avec seulement 2 romans, Kimi Cunningham Grant montre que, désormais, elle ne doit plus être cataloguée comme espoir du polar mais comme une autrice à part entière et dont je vais suivre avec intérêt et impatience ses prochaines parutions.

    13/02/2024 à 14:52 5

  • Comédia infantil

    Henning Mankell

    9/10 José Antonio Maria Vaz, seul sur son toit, sous le ciel étoilé des Tropiques, nous raconte une histoire. Celle d’un enfant dont il ne restait que quelques jours à vivre, qu’il a recueilli et protégé sur le toit de la boulangerie où il travaillait. Cet enfant s’appellait Nelio et avait une douzaine d’années. Blessé par balles, il ne souhaitait pas être soigné tant qu’il n’avait pas achevé son histoire, celle d’un enfant devenu trop vite adulte, en tuant pour sauver sa vie et son honneur, en fuyant son village et en errant pour survivre.

    Durant 9 nuits, Nelio, souffrant, agonisant, a raconté, à José, son périple et ses rencontres avec des personnages tantôt étranges, tantôt fascinants. Il a rapporté son arrivée dans cette ville et ces enfants de rue dont il était devenu le chef.

    Mankell est surtout connu pour ses polars et notamment sa série avec Wallander. Mais l’auteur suédois a développé une passion pour l’Afrique qui constitue des sujets de quelques romans. Comedia Infantil prend pour trame la jeunesse désabusée des pays africains confrontés aux guerres civiles. Ce livre est d’une sensibilité et d’une beauté magnifiques. Le premier tiers du livre m’a fait penser au Petit Prince de Saint Exépury tant il compte de tendresse, de phrases bienveillantes et de poésie. Mais ne nous trompons pas : Comedia Infantil comporte son lot de malheur et de cruauté envers les enfants. Il n’en est que plus bouleversant et touchant.

    12/02/2024 à 13:48 3

  • Handsome Harry

    James Carlos Blake

    8/10 Comme écrit en prélude, on a tous une attirance malsaine pour les gangsters, ceux qui détroussent les banques. Existe-t-il un syndrome Robin des Bois, comme il existe celui de Peter Pan ? J’avoue que je ne le sais pas, et que je n’ai pas cherché à le savoir non plus. C’est un fait : on possède en nous cette appétence pour les malfrats qui volent ceux qui nous volent. Une sorte de justice, un bon retour des choses. On peut aussi et en plus être admiratif de la méthode et des stratégies déployés par les voleurs pour arriver à leur fin. Et que dire de la cavale qui s’en suit ? L’admiration est proportionnelle à la durée qu’elle dure.

    James Carlos Blake nous propose ici une histoire de voleurs. Une vraie, aux Etats-Unis, en 1934. Harry Pierpont, alias Handsome Harry, est dans le couloir de la mort. Alors qu’il attend son exécution via la chaise électrique, il raconte son histoire, ses premiers délits et casses, ses premiers séjours en prison, ses évasions et la constitution de la bande Dillinger.

    Ce livre est passionnant, d’autant que le gang Dillinger a réellement existé. Cette histoire romancée permet de découvrir les différents protagonistes, avec ce personnage central, Harry, ses déboires, ses idylles,… On ne s’ennuie pas une seconde et la plume de James Carlos Blake sied bien à cette histoire attachante de gangsters.

    07/02/2024 à 14:19 4

  • La Disparition de Josef Mengele

    Olivier Guez

    8/10 Josef Mengele – l’ange de la mort, Herr Doktor – est un criminel nazi qui réalisa différentes expérimentations médicales sur la population juive internée dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Ce médecin sélectionnait ses prisonniers en fonction de critères physiques attrayants (il avait une prédilection pour les cas de gémellité dont il cherchait une explication scientifique) et les condamnait soit aux travaux forcés soit aux chambres à gaz.
    Lors de la capitulation de l’Allemagne nazie, Josef Mengele a pu se fondre dans la population polonaise et via différents réseaux et « bienveillances » de certains pays, s’enfuir en Argentine.

    Olivier Guez prend comme point de départ de son roman l’arrivée en 1949 de Mengele dans ce pays où le gouvernement populaire de Peron arrive au pouvoir et ferme les yeux sur l’arrivée de différents personnages en fuite. L’auteur français raconte la cavale de Mengele, utilisant différents noms d’emprunts, qui, curieusement, semble, être bien accompagné et aidé dans sa quête à se faire oublier et vivre comme un citoyen lambda.
    Ce terme « raconte » est somme toute important car, bien que très documenté, ce livre est un roman voire un docu-fiction. Le lecteur ne n’a pas entre les mains un documentaire. Alors comment faire la part entre les faits réels et la part romancé ?

    C’est le reproche essentiel que j’adresse à ce livre qui retrace, de manière assez neutre voire froide, le contexte politique bienveillant des pays d’Amérique du Sud, les failles administratives, la volonté (sauf celle du Mossad et des dirigeants israéliens) en demi-teinte de la communauté internationale de traquer les criminels nazis,… On y découvre surtout un misérable et détestable personnage ancré dans son idéologie nazie et ses convictions du bien.

    05/02/2024 à 14:22 2

  • Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu'un

    Benjamin Stevenson

    5/10 Quand tous les membres d’une même famille souhaitent « fêter » la libération du fils aîné, emprisonné depuis 3 ans pour meurtre, ils décident de se réunir dans une station de ski. L’idée alliant l’utile à l’agréable est sympathique. Sauf qu’il n’y aura pas vraiment de moments plaisants, sauf si on considère charmant et attrayant le fait de découvrir un cadavre dans la neige, sa bouche remplie de cendre.

    Pour la famille Cunningham, dont chacun des membres a des cadavres dans le tiroir, cette découverte n’augure rien de bon. Aussi, Ernest (dit Ernie ou Ern), le cadet, décide de mener l’enquête. Il rapporte ici son histoire sous forme d’une enquête policière digne d’Agatha Christie, en suivant les 10 règles d’or. Ern s’y connaît sur la manière d’écrire des romans policiers, car il écrit des livres sur la manière d’écrire les histoires policières.

    Présenté comme cela, le pitch du livre a l’air très alléchant. Mais c’est peu dire que je me suis ennuyé. Benjamin Stevenson respecte les codes des romans policiers classiques, mais je n’ai ni accroché à son style, ni aux personnages ni à l’histoire. Trop de divagation, trop de digression dans les propos du narrateur qui aime « parler » à son lecteur. Il manquait de profondeur ou d’un ton plus décalé, peut-être, pour me captiver.

    Ma lecture achevée (avec soulagement), je tombe sur les propos de l’auteur qui, à destination de quelques personnes de son entourage, les « remercie de l’avoir supporté ». Moi aussi, j’ai supporté l’auteur, mais pas dans le sens qu’il l’entend.

    30/01/2024 à 13:44 8

  • Le Frisson

    Mick Bertilorenzi, Jason Starr

    7/10 Jason Starr fait partie de mes auteurs new-yorkais préférés. Associé au dessinateur Bertilorenzi, Starr propose une BD tout en N&B ayant pour thème central des meurtres commis suivant un rite druidique. Un agréable moment de lecture rythmé, prenant et percutant. Malgré ses 180 pages, cette BD aurait mérité de développer un peu plus certains passages ou personnages.

    29/01/2024 à 12:17 1

  • L'un des nôtres

    Larry Watson

    9/10 Ce matin, de bonne heure, Margaret demande à son mari, George, s’il a réfléchi et décidé de venir avec elle. La voiture est prête, remplie du stricte nécessaire pour camper quelques jours. Ancien shérif, George, aux sentiments amoureux intacts pour sa femme, prend ses dispositions et préparent ses affaires. Direction le Montana, à la quête de leur petit-fils, Jimmy. Depuis le décès accidentel de leur fils, leur bru a quitté la ville et a refait sa vie, privant les grands-parents de leur petit-fils.

    Ce périple va être l’occasion de tester la solidité de leur couple, de se remémorer leur histoire, et d’affronter le clan Weboy avec qui leur bru s’est entichée. Une rivalité entre les 2 matriarches va s’instaurer.

    Ce roman est emprunt de poésie, de mélancolie et de tristesse. Il possède une douceur et une sonorité délicate. J’ai pris plaisir à me laisser bercer par ces phrases remplies de volupté et de délicatesse, découvrant la vie de ce couple dont l’amour a su affronter les années et les drames et qui une dernière fois va s’armer de courage pour réunir leur famille.

    J’avais laissé Larry Watson, découvert grâce aux éditions 10-18 dans les années 90. J’ai redécouvert la beauté de son écriture, grâce à cette belle et triste histoire. Loin du roman noir (même si des passages violents sont présents), L’un des nôtres offre une part d’hormone du bonheur au lecteur en quête de beauté, le temps d’un périple dans les Etats-Unis des années 50, en compagnie de grands-parents résolus mais attachants et bienveillants.

    25/01/2024 à 14:21 6

  • Adieu demain

    Michaël Mention

    9/10 20 ans après l’Affaire de l’éventreur du Yorkshire, la police de Leeds est confrontée à un autre tueur en série de prostituées qui s’inspire de Witcliffe. Une sorte de copy cat mais avec une arbalète.

    Mark Burstyne et son coéquipier Clarence Cooper concentrent leurs efforts sur un seul suspect : Peter. Ce sympathisant de Wittcliffe l’a côtoyé en hôpital psychiatrique et a fait une thèse sur lui. Le suspect idéal, donc. Mais pour avoir des preuves accablantes, Clarence est sommé de s’infiltrer sous une fausse identité dans le groupe de patients suivi par un troublant docteur. Et que dire des autres membres du groupe qui deviennent les uns après les autres d’idéaux suspects également ?

    Si Michaël Mention continue de disséquer la société anglaise pour se concentrer désormais aux années 90, Adieu demain se pose comme un cran au-dessus de son prédécesseur. Moins de personnages et leur approche psychologique est beaucoup plus approfondie. Avec une mention spéciale pour les passages sur le développement de l’arachnophobie de Clarence. En résumé, j’ai vraiment beaucoup aimé ce 2ème volet de la Trilogie anglaise. Un roman qui méritait amplement son Prix Polars Pourpres 2014.

    17/01/2024 à 16:53 7

  • Par un matin d'automne

    Robert Goddard

    9/10 Un plaid, une tasse de thé fumante, assis confortablement dans un fauteuil club : telles seraient les conditions idéales pour plonger dans la lecture de Par un matin d’automne. Ambiance so british que nous propose Robert Goddard avec cette Angleterre de la Première Guerre mondiale, et ses secrets de famille mâtinés de romantisme et de drames familiaux.

    Tout d’abord, j’ai été captivé par cette ambiance qui se dégage de ce livre, entre Un long dimanche de fiançailles pour la trame de l’histoire et Rebecca de Daphné du Maurier pour l’atmosphère sombre planant sur Moongate, cette demeure bourgeoise où le malheur s’abat sur la famille Hallows.

    Les personnages sont captivants (y compris la terrifiante Olivia, remplie de haine pour sa belle-fille) et la quête de l’histoire familiale de Penelope est envoûtante.
    Robert Goddard se pose comme un digne héritier des belles lettres anglaise qui par la voix de plusieurs protagonistes nous raconte les vies d’un lieutenant anglais disparu en guerre, d’une jeune fille abandonnée à la naissance et persécutée par sa diablesse de belle-mère et l’assassinat d’un méprisable courtisan américain. Présenté comme cela, ce livre pourrait apparaître fade et dénué d’intérêt ou d’attrait.

    Or l’auteur anglais possède le don de nous faire dévorer ses livres denses, à la manière de Wilkie Collins dont il se pose comme un digne héritier.

    16/01/2024 à 13:57 8

  • Les Gentils

    Michaël Mention

    7/10 Michaël Mention nous propose un road-trip où la vengeance d’un père en est le leitmotiv. Franck disquaire à Paris, a perdu sa fille de 6 ans, tuée lors d’un braquage d’une boulangerie. Et son couple n’a pu survivre à ce drame. Tous les jours, Franck appelle le commissariat pour connaître l’avancée de l’enquête. Mais face à l’impuissance des policiers, il décide de mener lui-même les investigations. Avec le peu d’éléments qu’il arrive à glaner, il découvre que le tueur de sa fille, un toxico avec un tatouage Anarchie sur une épaule, se prénomme Yannick.

    Le lecteur accompagne ainsi Franck dans sa quête obsessionnelle de tuer ce Yannick. On le suit à bord de sa R5 dans cette France giscardienne, où les crises économiques succèdent aux affaires politiques.

    J’ai retrouvé avec plaisir la plume hallucinée et rock’n rollienne de Michaël Mention (et sa bande son musicale aussi variée que mythique) qui ne ménage pas son héros. Toutefois, j’ai moindrement accroché au dernier tiers du livre qui, d’un coup, change de thème en même temps que de territoire géographique. Du coup, ce fut un plaisir mitigé.

    15/01/2024 à 13:33 4

  • Sale temps pour le pays

    Michaël Mention

    8/10 1976. Dans le nord de l’Angleterre sévit un tueur de prostituées que la presse va nommer « l’Eventreur du Yorkshire ». La police s’organise pour mener à bien l’enquête qui va s’avérer longue et fastidieuse. Parmi ses membres George Knox, enquêteur aussi sombre qu’intègre et entièrement engagé dans la quête de ce monstre ; Mark Burstyn, enquêteur ambitieux…

    Le sujet a fait l’objet d’autres polars mais Michaël Mention rend cette enquête très addictive avec son rythme effréné et ses personnages attachants. Il dépeint l’évolution de cette Angleterre qui vit sa révolution culturelle, sociale et économique. J’ai beaucoup apprécié le ton de Michaël Mention (qui n’hésite pas à se mettre en scène comme journaliste du Monde), et ses références pop-culturelles. Un livre qu’on dévore et qui entame de manière magistrale sa Trilogie anglaise. A peine lu la dernière ligne du livre que j’entame le second volet.

    29/12/2023 à 11:26 9

  • Crépuscule

    Philippe Claudel

    8/10 Attiré par un nouveau roman de l’illustre Philippe Claudel, alléché par sa couverture sombre, mystérieuse et énigmatique, charmé par son titre aussi mélancolique que décadent, j’ai plongé dans cette histoire et découvert ces personnages durant quelques nuits d’hiver noires et tristes seyantes à l’atmosphère ambiante.

    Roman ou plutôt conte que nous offre l’auteur qui aurait pu commencer son histoire par « Il était une fois, dans un pays fort lointain et à une époque non moins reculée et inconnue… ». Philippe Claudel transporte son lecteur dans un univers et une contrée énigmatiques.

    Dans un village à la frontière d’un Empire, le curé est découvert dans la rue, mort, assassiné, la tête fracassée par une pierre. Le Policier, Nourio, et son Adjoint, Baraj, vont mener l’enquête ou, devrais-je dire, un semblant d’enquête. Car ce qui obsède Nourio, ce n’est pas la recherche de la vérité, la quête de la lumière sur cette affaire. Non, ce qui l’obsède, guidé par les pulsions qui le démangent en dessous de la ceinture, c’est la témoin de l’affaire, la très jeune Lémia. Et oui, vous l’avez bien compris, de la vérité Nourio s’en branle carrément, et dans tous les sens du terme. Car outre ses excès incontrôlés de libido, Nourio s’accommode de toute explication que les autorités locales voient comme vraie et véritable. Car dans cette contrée, la tension entre musulmans et chrétiens est palpable. Car qui d’autres que des non-chrétiens peuvent s’en prendre à l’autorité cléricale ? Et la fuite du médecin musulman ne fait que confirmer cette théorie. Et d’ailleurs, toute tension n’est que prémices à la violence.

    Un roman que j’ai réellement aimé même avec ses longueurs, ses personnages aux comportements déviants, immoraux, opportunistes,… avec sa fin bien amenée. Crépuscule c’est un avant-goût de la fin d’une période de lumière, de vie : dans ce livre règne une atmosphère de fin de civilisation, où plus rien n’est conforme aux attentes du monde, où le monde n’attend plus rien que le retour impossible du jour et de la vie. Une allégorie de notre temps.

    27/12/2023 à 13:35 3