jackbauer

700 votes

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    8/10 On ne peut reprocher à Sandrine Collette d'être fidèle à elle-même, et ce, contre vents et raz-de-marée... Placés dans des situations toujours plus intolérables, ses personnages sont contraints d'abdiquer toute forme d'humanité, pour régresser vers une sorte d'animalité primitive et ancestrale. ..
    Un credo : survivre , obsédés par un duel intérieur permanent, entre conserver figure humaine, et l'envie de céder à ses plus bas instincts... Ici, les protagonistes sont physiquement sommés de faire ce choix, puisqu'engagés dans un processus irréversible... Plus que jamais, ses personnages restent fiers et durs au mal ; naufragés malgré eux, ils entament une traversée d'un désert des Tartares liquide, à partir de laquelle l'attente et l'immobilisme sont tout aussi prégnants... En somme, une version maritime du Petit Poucet, un conte théologique, où la foi en l'autre peut déplacer des océans ; Sandrine Collette surfe sur la vague d'un talent indéniable, dont l'écume n'est pas prête de retomber...

    06/02/2018 à 17:51 12

  • Le Calice jusqu'à la lie

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    6/10 A l'heure du bilan, parvenu au terme de cette saga fleuve de plus de 2000 pages, j'en suis rendu à partager l'état d'esprit de Sookie Castel; et plutôt que des visages, c'est un bouillonnement d'émotions qui m'habite et me laisse pantois, voire perplexe...
    Émotions de toutes sortes: frustration, boîte " tout ça pour ça ": se dire qu'avec un bon tiers de pages en moins, le résultat aurait sûrement été le même... Trop de longueurs, de digressions rédhibitoires, et un plaisir souvent différé, voire absent... Déception, boîte " tromperie sur la marchandise ", pour n'avoir plus perçu l'intérêt suscité par le premier volet, dilué dans la masse; d'avoir entr'apercu, seulement par bribes, ce qu'aurait pu donner cette histoire hors normes, notamment lors d'un final frénétique, d'une centaine de pages... Désillusion enfin, boîte " c'est dommage "; le sentiment au final d'être peut-être passé à côté de ce qui était censé faire le sel de cette oeuvre, un thriller sociétal qui se veut représentatif de notre époque, quand j'espérais une saga policière effrénée à la Game of Thrones, moins lisse, et un peu plus aguichante, voire aguicheuse...

    13/06/2016 à 20:31 6

  • Le Vide

    Patrick Senécal

    10/10 Extrêmement déstabilisant, le thriller de Patrick Sénécal exerce le même type d'attraction que ces réality-show qu'il brocarde, provoquant fascination, répulsion, incrédulité... On fait face, subjugué, à la mise en abyme d'une société en déliquescence, dans laquelle le désir aliène l'individu, et où le média télévisuel fait office de boîte de Pandore...
    Avec ce manifeste désillusionné du dérèglement moral de la société et à travers le parcours des trois personnages principaux, par le biais d'une construction audacieuse, l'auteur met en place une mécanique complexe pour dégager toute la substance de son intrigue; vide existentiel, vide moral, vide affectif: trois facettes du même mal-être qui ronge ces anti-héros... Récit au pessimisme revendiqué, pouvant s'apparenter à l'apologie de la négation, d'un voyeurisme parfois volontairement putassier, Sénécal s'ingénie à nous plonger dans l'embarras pour mieux souligner la vacuité de ce grand Barnum...
    Expérience littéraire intense et ardue, en plongeant dans cette fange émotionnelle, on accepte d'être le témoin de nos propres turpitudes, mais aussi, et surtout, de faire le deuil d'une certaine conception de la quête du mieux-être... Et de voir que près de dix ans plus tard, pas grand chose n'a changé... Saisissant...

    13/02/2016 à 00:08 12

  • Les Monstres

    Maud Mayeras

    7/10 Le propre de ce forum, c'est d'expliquer par des mots notre ressenti de lecteur...
    Mais quand, comme ici, l'émotion nous prend de manière si viscérale, comme souvent avec Maud Mayeras, il est difficile de trouver les paroles adéquates...
    C'est, une fois encore, à une expérience de vie traumatisée qu'elle nous soumet...
    Une histoire qu'elle a l'air de porter en elle depuis longtemps,et qu'elle nous conte à la manière d'une fable dramatique...
    Souvent, on dit que la réalité dépasse la fiction ; ici, la fiction légende la réalité...
    Mais elle ne la travestit pas ; elle nous place face à nos drames, et nos perversions, sans filtre...
    Et c'est sans doute ça le plus dur à supporter...
    Pourtant, une fois le choc encaissé, je m'interroge sur ce qui m'aura manqué pour faire basculer cette histoire vers l'inoubliable...
    Peut-être le caractère inéluctable des évènements, que l'on pressent très vite...
    Sans doute aussi l'absence d'explications qui, si elle ancre un peu plus le récit dans une contemporanéité indéniable, laisse le lecteur frustré, incapable de se raccrocher à quoi que ce soit...
    Mais peut-être est-ce là l'effet recherché...

    16/10/2020 à 22:50 12

  • Passager 23

    Sebastian Fitzek

    5/10 Les intrigues de Sébastian Fitzek sont comme ces palaces flottants qui servent de décor à sa dernière histoire : plus c'est énorme, plus ça doit être efficace...
    En ce qui le concerne, la mécanique du cliffhanger importe plus que le style ou la plausibilité de son récit, et il faut lui reconnaître cette incroyable capacité à inventer des rebondissements qui nous submergent, parfois au-delà de toute vraisemblance...
    Mais en lisant Passager 23, j'ai une fois encore l'impression d'être un passager clandestin à bord de son histoire...
    Chez lui, la traversée se fait à marée basse ; une lecture laborieuse, basée sur ce postulat qu'il faut sans cesse époustoufler le lecteur, quitte, une fois encore, à sacrifier l'épaisseur des personnages, ou une véritable progression dramatique, et dont le plaisir, du moins me concernant, est absent, car noyé sous ces improbables twists successifs...
    Alors oui, on tourne les pages consciencieusement, oui, il m'arrive d'être surpris par quelques " trouvailles", mais passé la salle des machines, le séjour s'éternise, et le voyage perd de son intérêt...
    Finalement, une fois encore, je reste à quai...

    27/03/2018 à 08:46 12

  • Une putain d'histoire

    Bernard Minier

    8/10 Quoi de plus naturel que d'avoir choisi une île comme décor de sa " Putain d'histoire", pour mieux pouvoir nous mener en bateau...
    Avec ce thriller gentiment démoniaque, Bernard Minier nous plonge dans une tempête d'effroi, d'où l'on émerge le palpitant en surchauffe: ballotté par les incessants aller-retours de la chronologie des évènements, convoquant à la fois Stephen King et Harlan Coben, Enid Blyton et Joe Ruby, il réussit, avec un naturel confondant, à faire que l'on s'identifie à ce groupe d'ados, partageant leurs peurs, leurs envies, leurs rêves aussi... Une construction qui m'a furieusement fait penser à celle d'" Un avion sans elle", et aussi quelques ficelles qui permettent la réalisation de ce tour de passe-passe, mais rien qui ne gâche le plaisir que l'on prend à embarquer pour Glass Island, en compagnie d'Henry...

    22/08/2015 à 20:23 12

  • 1991

    Franck Thilliez

    8/10 Quelle formidable idée que de confesser le dépucelage professionnel de Franck Sharko, permettant ainsi aux lecteurs, et autres afficionados, du célèbre personnage de Franck Thilliez, de se rendre compte du chemin parcouru depuis...
    Un héros si charismatique qu'il ne pouvait bénéficier que d'une entrée en matière aussi folle et incroyable que celle que nous livre ici encore son auteur...
    Il n'hésite pas à se jouer de nous, et à s'aventurer, une fois de plus, sur le terrain des pratiques médicales contre-nature pour permettre au bizuth Sharko de faire ses classes, et ses preuves, au sein d'un groupe particulièrement bien caractérisé...
    Une immersion soignée dans les années 90, pour constater, avec effarement, de la place prise, en l'espace de trente ans, par la technologie et l'informatique, que ce soit dans notre société, ou dans nos vies...
    Tout compte fait, même si le clou du spectacle est un tantinet rouillé, et pourra décevoir certains des plus assidus, réjouissons nous de pouvoir encore suivre d'autres enquêtes de ce cher Sharko d'un calibre identique...

    16/05/2021 à 20:52 11

  • Bull Mountain

    Brian Panowich

    9/10 C'est une histoire universelle que choisit de nous raconter Brian Panowich : l'environnement familial qui pèse sur une vie, l'impossibilité chronique de se défaire des liens du sang, et cet atavisme qui peut, parfois, comme un poids mort, vous tirer vers le bas...
    Dès les premières lignes, dès ce premier chapitre qui, en peu de pages, brosse le portrait d'hommes soudés aux valeurs terriennes, presque insulaires, on imagine un western contemporain, baroque et funeste à la fois... Une ruralité génétiquement ancrée dans le clan Burroughs, définissant leurs actes et leurs combats, un attachement à cette terre, leur fief, modelant leurs attitudes et leurs habitudes, forcément en butte au respect des règles établies... Le style de Panowich, qui fait alterner les points de vue et les époques, un peu à la manière d'un George R.R Martin dans Game of Thrones, nous relate le schisme fratricide qui sous-tend l'intrigue, et renoue avec certaines grandes tragédies antiques; son récit, d'une beauté presque fielleuse, viscérale, touche à l'intime et à l'authentique, amenant ses personnages, et le lecteur, au point de rupture émotionnel à chaque tour de page...

    07/05/2016 à 21:53 11

  • Ce qu'il nous reste de Julie

    Sébastien Didier

    9/10 Si c'avait été Harlan Coben, ou Joël Dicker, qui avait signé ce roman, il aurait accroché le podium des best-sellers dès sa sortie...
    Sébastien Didier coche toutes les ( bonnes) cases du parfait page-turner, dans ce qu'il a de plus addictif...
    Une histoire foncièrement bien construite, et remarquablement narrée, que l'auteur semblait porter en lui...
    L'émotion qui s'en dégage, l'authenticité des rapports qui président aux destinées des différents protagonistes, à l'instar de ce que peut provoquer l'écriture de Hervé Commère, confèrent à ce roman une valeur qui, pour moi, dépasse le cadre du simple plaisir de lecture, pour nous toucher au cœur...

    16/06/2021 à 22:04 11

  • De Cauchemar et de feu

    Nicolas Lebel

    9/10 Une foi n'est pas coutume, entre guerres de religion et querelles intestines, et comme l'a très justement fait remarquer Gruz, avec ce quatrième opus, Nicolas Lebel nous livre un condensé de son brio littéraire, entre passé et présent, ancien et moderne, l'adepte et le profane...
    A ses lecteurs les plus fervents, il fournit matière à alimenter encore un peu plus la légende du groupe Merhlicht...
    Aux amateurs éventuels, il confesse son appétence pour les intrigues fouillées, dans lesquelles ésotérisme et commémoration communient avec une semblable exaltation...

    21/06/2017 à 22:11 11

  • Dehors les chiens

    Michaël Mention

    9/10 Si toutes mes lectures de 2023 sont du calibre de " Dehors les chiens", ça promet...
    De calibre justement il en est question, quand Crimson Dyke, agent du Trésor US, se voit contraint de jouer du sien pour 1) remplir son quota d'arrestation de faux-monnayeurs, comme sa charge le lui impose ;
    2) tenter de mettre hors d'état de nuire un mystérieux tueur en série qui éviscère sans ménagement des individus de sexe masculin du Grand Ouest Américain...
    Comme souvent, chez Michael Mention, la petite et la grande histoire s'épousent, pour mieux nous imprégner d'un contexte fatalement trouble...
    Si l'Union prête corps au récit, les personnages ne sont jamais à la noce, et les combats menés par l'auteur trouvent un écho certain, même dans l'immensité des plaines de l'Ouest ...
    La place des femmes, notamment, permet de jolis portraits, tout comme le soin apporté aux personnages, auxquels il est difficile de ne pas s'attacher...
    Un vrai western littéraire, une plongée comme si vous y étiez dans l'Amérique d'après la Sécession et d'avant la récession...

    02/01/2023 à 17:30 11

  • Femme sur écoute

    Hervé Jourdain

    8/10 Hervé Jourdain décroche le bon numéro, avec ce polar loin d'être téléphoné...
    La mise en réseau des différentes histoires qui transitent au sein du roman est le point névralgique qui concourt à la réussite de l'entreprise; tout est connecté, relié...
    Fondamentalement, Hervé Jourdain partage avec ces auteurs flics de terrain cette connaissance pointue et intrinsèque de l'administration judiciaire, qu'il nous restitue de manière pédagogique, sans jamais jouer les donneurs de leçon...Les engrenages démontés, les méthodes décortiquées, l'auteur est le grand artisan d'une mécanique d'horlogerie qui assemble ses dernières pièces lors des ultimes pages...
    Le descriptif des nombreuses procédures judiciaires, les états d'âme des membres des forces de l'ordre, généralement passés sous silence, la tension qui émane de l'investigation apportent au récit une authenticité immersive à nulle autre pareille...

    16/06/2017 à 22:49 11

  • Hex

    Thomas Olde Heuvelt

    7/10 Un étonnant roman d'horreur, sorte de croisement entre Dôme et le Projet Blair Witch, au potentiel indéniable, et à la conclusion glaçante...
    Combinant le gothique et l'horreur moderne, mêlant traditions et technologie du XXIeme siècle, se rapprochant, par certains de ses aspects, d'une analyse sociologique d'un microcosme soumis à la défiance de l'Etrange(r), le livre de Thomas Olde Heuvelt s'apparente à une mosaïque d'influences, de Stephen King à Night Shyamalan, en passant par Clive Barker... Un patchwork réussi, dont les qualités premières demeurent avant tout la très réussie retranscription du sentiment d'isolement, voire d'isolation de cette petite communauté, ainsi que le caractère de son intrigue, assez déroutant, et délicieusement anachronique...

    17/12/2017 à 20:29 11

  • L'Anomalie

    Hervé Le Tellier

    7/10 N'ayant pas la prétention d'être un Grand Lecteur, mais plutôt une tendance monomaniaque, je ne pensais pas ( me ) relever ( de ) cette Anomalie, Prix Goncourt 2020...
    Bien que son postulat de départ emprunte beaucoup à la science-fiction, qui n'est pas franchement mon bol de chocolat, et par opposition à la virtualité d'éléments fantastiques, dont les ressorts demeureront volontiers obscurs en ce qui me concerne, la réalité des situations vécues par tous les protagonistes, et les implications qui découlent de cette incroyable situation sont traitées avec un tel brio, et un tel verbe, que la lecture de cette étrange histoire coule de source...
    J'ai, par moments, pensé au formidable " Replay " de Ken Grimwood, dans la potentialité exploitée, et développée, d'événements hautement improbables narrés à hauteur d'homme...
    Problématique religieuse, questionnement métaphysique, sujets de société, Le Tellier place son lecteur au centre de la Matrice ; si vous êtes prêts à vous y plonger, le voyage le ( se ) mérite...

    05/01/2021 à 18:15 11

  • L'Empathie

    Antoine Renand

    4/10 L'empathie : le titre d'un roman, à l'égard duquel je ne pourrais malheureusement pas faire preuve...
    Je serais moins sévère que mon camarade, ou plus indulgent, car c'est un premier roman, mais je partage totalement l'avis d'OttisToole...
    Antoine Renand se rate dans les grandes largeurs, car à aucun moment, en ce qui me concerne, il n'atteint son objectif : je n'ai pas une seule seconde ressenti quelque empathie que ce soit pour l'un de ses personnages...
    À cela, plusieurs raisons : un style convenu et assez quelconque, et un voyeurisme comme une im(posture), qui n'incitent ni à la compassion, ni à la bienveillance...
    Une histoire qui, finalement, et à bien y réfléchir, s'inscrit en faux contre ce fameux sentiment d'empathie, quand on atteint la moitié du roman, et que s'engage la vendetta du personnage principal...
    Un auteur qui n'a pas les épaules pour traiter de sujets aussi délicats que le viol, l'inceste, ou la pédophilie, et qui achève de se perdre dans un final bâclé et ridicule...

    29/01/2019 à 22:09 11

  • L'Homme craie

    C. J. Tudor

    9/10 Une bande de pré ados, des meurtres, un passé amer qui se dilue dans un présent acide...
    Un récit qui sentait bon la copie, mais que le talent, et la prose, de C.J Tudor commuent en un tableau brillant sur la sortie de l'enfance, et la perte d'une certaine candeur...
    Rien ne se craie, tout se transforme : l'expérience délicate du passage à l'âge adulte, les responsabilités qui en résultent , les choix que l'on fait, ou pas, cette effervescence métaphysique qui nous fait grandir, tout ça est formidablement retranscrit, et sonne terriblement vrai avec les maux d'une histoire au suspense pantelant...

    11/02/2018 à 23:00 11

  • L'Ombre des autres

    C. J. Tudor

    9/10 Avec son troisième roman, encore plus réussi et palpitant que ses précédents, C.J Tudor sort définitivement de l'ombre des autres... auteurs de son genre littéraire, pour mieux nous éblouir...
    L'histoire ne se livre qu'avec parcimonie, et l'intrigue gagne en intensité à mesure que se tournent les pages, emportés que nous sommes par le rythme et les péripéties d'une histoire qui, sans chavirer le genre, sait sur quels leviers jouer pour être d'une efficacité féroce...
    C.J Tudor a réussi, en quelques ouvrages, à façonner un univers envoûtant, dans lequel ses personnages évoluent sur le fil d'une réalité pas toujours normalisée...
    On l'a souvent rapproché, à juste titre, de Stephen King, mais ici, c'est plutôt à John Connolly que je pense, ses anti-héros cabossés, et ses bad guys toujours prêts à rendre service...
    Gros coup de coeur de cette année 2021, en lice déjà pour le futur prix Polars pourpres...

    24/06/2021 à 00:17 11

  • Luca

    Franck Thilliez

    9/10 C'était inéLUCtAble : le règne des machines offre à Franck Thilliez l'occasion de s'affirmer, presque définitivement, comme le grand ordonnateur du thriller scientifique...
    Une enquête policière génialement modifiée, d'où les coupables sont absents, et qui le voit s'intéresser à un sujet qui pourrait paraître délirant, s'il ne s'appuyait sur des données et des faits établis, et si la course au modernisme ne s'effectuait au pas cadencé : une forme de terrorisme connecté, dont nous sommes, à la fois, les victimes et les responsables....
    ADN, GPA, PMA, GAFA... Autant d'initiales qui rendent capitales les nombreuses thématiques abordées, dessinant les contours d'une investigation hypnotique, ne nécessitant aucun GPS...
    En contrepoint de cette perquisition au cœur de l'IA, Thilliez réussit, sans artifice, et avec beaucoup d'intelligence, à nous impliquer émotionnellement au sein du groupe Sharko, plus qu'il ne l'avait jamais fait auparavant...
    Une brigade ( des cauchemars), plus qu'un simple duo, qu'il vient régénérer avec l'arrivée d'un nouveau personnage féminin, à la cuirasse aussi abîmée que celle de ses coéquipiers du 36... 
    En gagnant ses galons d'héritier de l'indéboulonnable Franck Sharko, Nicolas Bellanger occupe le devant de la scène et offre à l'auteur la possibilité d'offrir une retraite dorée à son héros récurrent, un peu comme s'il préparait l'après Sharko / Hennebelle... 
    Avec Luca, Thilliez se permet, s'il était encore possible, d'upgrader son niveau d'exigence pour nous fournir un thriller d'exception...

    16/05/2019 à 22:48 11

  • Mamie Luger

    Benoît Philippon

    9/10 Mamie Luger déballe la sulfateuse pour nous raconter un siècle d'existence...
    Du haut de ses vieilles guibolles, mille vies vous contemplent, et Benoît Philippon de forcer notre sympathie, avec le concours d'anecdotes tour à tour savoureuses, émouvantes et poignantes, à l'égard de cette senior-killeuse aux circonstances souvent atténuantes...
    Avec ce style qu'on lui (re)connaît, l'auteur tient à distance ces sévères sévices conjugaux, aidé en cela par la goguenardise et les sarcasmes de son ébouriffant personnage principal...
    Féminité en bandoulière, à grandes rafales de féminisme, son héroïne flingue le machisme ambiant...
    Prisonnière, bien avant sa garde à vue, de son statut de femme, elle convoque, au peloton d'exécution, toutes ces figures masculines de la violence domestique, et pas un ne manque à la pelle...
    Touchant et captivant, ce " Mamie Luger" nous désarme par son sans faute...

    06/10/2018 à 18:11 11

  • Ne fais confiance à personne

    Paul Cleave

    9/10 Paul Cleave nous aide à boucher les trous ( de mémoire), en juxtaposant les points de vue, et les souvenirs, pour tenter de démêler le Grey du faux...
    Il teinte les blancs de noir, avec ce whodunit paranoïaque et haletant, traversé de féroces éclats de rire, où la vérité de la veille n'est pas forcément celle du lendemain...
    Face à l'incertitude constante qui façonne le quotidien de Jerry, le lecteur s'interroge avec lui sur le bien-fondé de ses actes, et la réalité de ses dires...
    Avec son imbroglio psychologique, Cleave traduit de manière brillante l'essence même de ce vers quoi tend tout bon romancier de polar : l'état d'esprit du personnage principal illustre admirablement celui dans lequel les auteurs du noir cherchent à plonger leurs lecteurs... Ballottés entre demi-vérités et révélations douteuses, se défiant de tout, à la merci de leur bon vouloir, ils aiment à se sentir déboussolés en parcourant les lignes de leurs littérateurs préférés, à l'image des fameux carnets de Jerry Grey...

    07/10/2017 à 17:24 11