El Marco Modérateur

3265 votes

  • Les Doigts rouges

    Marc Villard

    7/10 Un bon petit polar, brodant une intrigue intéressante sur des thèmes habituels de la littérature jeunesse : famille, amitié, enfance, ainsi que fausses apparences. Ça se lit en cinq minutes seulement et ne s'adresse qu'aux plus jeunes lecteurs – la plupart des adultes peuvent donc passer leur chemin – mais ça permet de passer un bon moment en plus de proposer un suspense intéressant à des enfants.

    30/07/2011 à 18:56 2

  • Menaces dans la nuit

    Marc Villard

    7/10 Un petit polar pour les plus jeunes, malin et enjoué, qui sait jouer sur la peur et la notion de suspicion. Un quart d’heure d’une lecture sympathique, avec une fin que je n’attendais pas (je ne parle pas de la chute, mais vraiment de la dernière page, originale dans ce type de littérature).

    09/01/2015 à 18:32

  • Retour au Magenta

    Marc Villard

    9/10 Il s’agit d’une compilation de vingt nouvelles de Marc Villard parue précédemment en 1998. Des trajectoires sombres et sanglantes dont on ne cesse de se délecter de l’écriture. Poésie et nébulosité. Lyrisme et argot. Lumière et ténèbres. Tout s’y mélange, s’entrecroise, s’entrechoque, se distord, pour des dénouements sauvages. La ligne directrice y est la femme, dans sa pluralité. Désirable, passionnante, ensorcelante ou sournoise, pour laquelle on tue, ou, paradoxalement, que l’on assassine par trop-plein d’amour. Dans ce recueil, les termes « espoir » et « avenir » n’y sont jamais imprimés autrement qu’avec du sang, aussi brûlant et sulfureux que la passion. Car, au-delà de cette quête perpétuelle du noir, Marc Villard ne dénigre pas la figure tutélaire féminine, bien au contraire. Il la magnifie de ses mots si personnels, soulignant les sentiments ambivalents, contradictoires et diaboliques qu’elle génère dans les cœurs et les esprits. Vingt récits tels un éblouissant bouquet de roses épineuses dont on ne peut mesurer la beauté qu’avec ce contrejour si particulier de la cruauté.

    16/06/2014 à 20:25

  • Tessa

    Marc Villard

    7/10 Une bien agréable nouvelle, menée de manière sobre et prenante. Une histoire qui revisite le thème de l’ange gardien avec des personnages crédibles.

    08/06/2014 à 08:38 2

  • La prochaine fois ce sera toi

    Vincent Villeminot

    8/10 Une jeune fille est retrouvée, le torse anéanti et les bras arrachés. Le commissaire Markowicz subodore l’attaque d’une goule, mais… Non, des détails clochent, comme ces membres supérieurs qui ne semblent pas avoir été arrachés mais découpés. Pour lui et son équipe si spéciale, il va falloir prendre garde, car un ennemi bien retors attend dans les ténèbres.

    Ce premier ouvrage de la série consacrée à la brigade de l’ombre frappe fort. D’entrée de jeu, avec un sens de la formule et une plume assez âpre pour de la littérature a priori pour adolescents, Vincent Villeminot déconcerte. Le roman est-il véritablement destiné aux jeunes lecteurs ? Les mots grossiers fleurissent, les descriptions sanglantes également, et certains passages pourront en désarçonner certains. Mais si l’on parvient à surpasser ce premier état de surprise, le récit offre un plaisir intense. L’intrigue est surprenante, puisqu’elle parvient à faire intervenir et rendre tout à fait crédible les meurtres sauvages perpétrés par des goules, se substituant ainsi avec originalité aux habituels zombies et autres lycanthropes. De même, les personnages qui composent cette escouade atypique sont particulièrement attachants et donnent déjà envie de les retrouver dans un futur que l’on souhaite proche. Léon Markowicz, le colosse boiteux qui consomme de l’alcool et des livres en grande quantité, entend d’étranges chansons dans sa tête, a une ex-femme psychologue et deux filles tonitruantes. Bosco, son adjoint, lilliputien, rescapé d’un génocide. Toussaint Fermeture (!!!), aux t-shirts cocasses et lié au monde des esprits. Diane, la chasseresse, ayant eu par le passé des soucis avec une violence qu’elle ne canalisait que très mal, et marquée par une jeunesse sombre. Face à cette équipe, Vincent Villeminot a mitonné un prédateur singulier, et qui souhaite visiblement assouvir un puissant appétit de vengeance. Grâce à des chapitres très courts, qui s’enchaînent à merveille, et qui permettent à tous les protagonistes de prendre vie, les pages défilent à une vitesse inouïe, jusqu’à un final choc, assurément pas celui que l’on pouvait s’attendre à trouver dans une lecture destinée aux jeunes.

    Vincent Villeminot, avec cet opus étonnant, casse les codes de la littérature. Quelque part entre le roman noir, le fantastique et la lecture pour adolescents, il a su oser, tout simplement, et l’on ne peut que louer une telle volonté salvatrice de bousculer les dictats. Il en résulte un livre prenant, rare, et dont on a déjà hâte de connaître la suite.

    20/03/2017 à 18:28 2

  • Djebel

    Gilles Vincent

    8/10 En 1960, Antoine Berthier, jeune appelé du contingent, se suicide sur le bateau qui le ramène d'Algérie en France. Officiellement, il est déclaré mort au combat. Quarante-et-un ans plus tard, Viviane Dimasco, la sœur d'Antoine, contacte le détective privé marseillais Sébastien Touraine pour rouvrir l'enquête. Elle dispose en effet d'éléments nouveaux qui tendent à prouver qu'Antoine s'est suicidé. Pourquoi un tel geste de sa part ? Touraine commence alors une quête qui va ensanglanter la région.

    Opus amorçant la trilogie consacrée au flic Sébastien Touraine, avant Sad Sunday et Peine maximum qui sort le 18 mars, Gilles Vincent signe en 2008 ce premier roman d'une grande efficacité. Ayant trait à la Guerre d'Algérie, thème encore peu évoqué dans la littérature policière, le roman, assez concis, est brillamment écrit, tant au niveau des descriptions que des sentiments humains. Faisant la rencontre de la commissaire Aïcha Sadia, le détective privé devient rapidement attachant, avec son caractère bien trempé et son acharnement à découvrir le mensonge dans chacune de ses enquêtes. L'intrigue est bien menée, avec un lot appréciable de retournements de situation, jusqu'au coup de théâtre, assez inattendu. Gilles Vincent déploie toute l'étendue de son talent sur un sujet qui reste encore brûlant et se paie le luxe d'éviter les poncifs, rendant compte avec beaucoup de finesse et d'humanité d'un drame qui continue d'embraser âmes et cœurs des deux côtés de la Méditerranée.

    Djebel est donc un thriller de haute tenue, à la fois sombre et dépouillé. Au-delà de la pure lecture distractive qu'il pourra offrir, il propose en toute modestie de bien belles réflexions sur la Guerre d'Algérie, achevant de classer Gilles Vincent parmi les auteurs français à suivre de près.

    13/03/2010 à 16:48 2

  • Sad sunday

    Gilles Vincent

    9/10 Cela fait maintenant quatre ans que la petite Camille Carlotti a disparu et que la commissaire Aïcha Sadia poursuit son enquête pour retrouver la gamine. Jusqu'à ce qu'un DVD réapparaisse, montrant Camille se faire battre par un homme encagoulé. De son côté, l'ancien policier Sébastien Touraine qui avait aussi enquêté sur l'enlèvement de Camille, tente d'oublier le souvenir de sa fille Hélène, morte brûlée vive.
    Sadia et Touraine vont être rattrapés par le passé : d'autres disparitions d'enfants, un ravisseur amateur de tortures insoutenables... Et pour ces deux flics, un ticket vers un enfer dont ils ne sortiront pas indemnes.

    Après Djebel, Gilles Vincent poursuit avec ses deux personnages fétiches que sont Sadia et Touraine. Ici, l'auteur signe un roman d'une implacable noirceur, oscillant entre le roman noir et le thriller. D'ailleurs, certains thèmes abordés ainsi que de nombreuses scènes de violences physiques et psychologiques pourraient heurter la sensibilité de certains lecteurs. La langue de l'auteur est très agréable et travaillée, et l'on peut parfois retrouver certaines tournures de phrases que ne renieraient pas Olivier Descosse ou Jean-Christophe Grangé. L'intrigue est intelligemment charpentée, rythmée, avec ses alternances de scènes d'action, de suspense, d'effroi et d'émotion. On observe par moments des similitudes avec d'autres romans policiers, mais ce qui impressionne le plus dans ce livre, c'est la puissance narrative de Gilles Vincent : en très peu de mots, avec économie, il parvient à retranscrire des sentiments, des paysages, des ambiances. Indéniablement, il y a chez cet auteur un très fort potentiel, et il n'y a plus qu'à espérer d'autres ouvrages de la même qualité que celui-ci.

    Pour résumer, Sad Sunday est un opus très noir, tendu et marquant, mené tambour battant. Il mériterait sans le moindre doute d'être plus connu car il n'a strictement rien à envier à certains écrits anglo-saxons. A noter que la suite sort ce mois-ci : Peine maximum.

    05/01/2010 à 18:16

  • Aveuglément

    Laurence Voïta

    6/10 Marco Morard est de retour. Sept ans auparavant, il était allé nager dans le lac avant de disparaître en simulant une noyade, mais ce lundi 8 novembre, il regagne par le train la ville qui l’a vu s’éclipser. Pourquoi avoir ainsi fui pour aujourd’hui réapparaître ? Que cherche-t-il ?

    Cet ouvrage de Laurence Voïta saisit dès les premiers chapitres. La langue de l’écrivaine est tout bonnement exquise : chaque phrase est travaillée, chaque mort ciselé, chaque individu joliment dépeint. Il faut dire que, dans ce roman, les personnages sont nombreux. Marco, bien évidemment, rentrant chez lui pour on ne sait quelle raison ; son ex-femme Claire ; Bruno Schneider, ancien policier, et son épouse Carla ; Sophie, l’ancienne collègue de Bruno ; les enfants de l’école locale, avec le fils de Marco et le petit-fils de Bruno ; Mathilde, une vieille dame qui a forgé une solide amitié avec José, devenu aveugle après une subite neuropathie optique de Leber ; Serge, le beau-père du disparu. Graduellement, à l’arrivée de cet homme que l’on pensait mort, les langues se délient, les brouillards sont fendus et la vérité émerge sous les diverses faces d’un même prisme. Laurence Voïta maîtrise indubitablement sa prose et nous offre un bel éventail de caractères au gré de ce récit choral. Dans le même temps, il est particulièrement dommage, voire dommageable, que la maison d’édition ait choisi d’inscrire « thriller » en lettres capitales sur la première de couverture car, sans le moindre doute, ce livre n’en est pas un : on navigue plutôt sur les eaux de la littérature blanche vaguement colorée de noirceur, certes réussie et plaisante, mais dont le contenu ne correspond pas du tout à l’étiquette punaisée sur l’ouvrage. On en viendrait presque à parler d’indication trompeuse. Ici, nul véritable frisson, pas de réel suspense, aucune montée en tension, et jamais l’intrigue ne viendra remuer les sangs comme c’était pourtant certifié. Au-delà de cette classification pour le moins douteuse, reste un texte court et assez efficace, d’où poignent de subtils portraits psychologiques, mais sans l’adrénaline promise.

    Un livre agréable et habilement écrit, sans véritable fausse note, mais qui risque de faire déchanter les lecteurs qui s’attendaient à un tout autre récital, plus sombre ou dynamique.

    10/11/2023 à 06:48 3

  • Le Bois de justice

    John Wainwright

    9/10 Un petit bijou de littérature noire anglaise ! Depuis les personnages croustillants (Lionel et Raymond en priorité, sans compter le paternel, statue du commandeur) jusqu’à la peinture au vitriol des mœurs aristocratiques (tout le duel entre les deux demi-frères a commencé à partir de savoir qui hériterait du titre de baronnet), une pépite qui se dévore de la première à la dernière page. Beaucoup d’acide dans les mots de John Wainwright, et des situations pourtant « simples », depuis le soi-disant accident de chasse jusqu’à la « mise à l’écart » (entendez par là la séquestration) dans l’abri Henderson, qui donnent lieu à des répliques savoureuses. Malgré quelques minuscules temps morts dans le dernier tiers du livre, largement biffés par des rebondissements délicieux (la lecture du testament, ou le véritable sort réservé à la demi-sœur de Lionel), jusqu’à la double apothéose finale (le sort réservé à Raymond et celui que Lionel s’inflige, avec les motivations qu’il livre), et vous obtenez en matière d’écrits d’ébène un de mes récents coups de cœur !

    01/03/2017 à 13:05 5

  • Les Aveux

    John Wainwright

    9/10 Rogate-on-Sands, une ville balnéaire sans histoire de quatre cent mille âmes. Herbert Grantley y travaille comme pharmacien, mais s’il se rend au commissariat, c’est pour une tout autre raison : il vient avouer le meurtre par empoisonnement de son épouse, Norah, un an plus tôt. Tout y est clair, circonstancié, transparent : il a bel et bien tué sa femme. Cependant, sous le velours de cette confession trop propre et spontanée, l’inspecteur-chef Lyle comprend qu’il y a quelque chose qui cloche.

    De John Wainwright, on a déjà beaucoup aimé, entre autres, les excellents Bois de justice et Une Confession. L’auteur, expert des dialogues qui claquent, des atmosphères chargées de suspicion et de textes à la fois forts et minimalistes, nous offre un roman du même acabit. Ses mots sont simples, accessibles, sans véritables envolées littéraires, mais le charme opère, un peu à la manière de ce qu’écrivait Georges Simenon : sa plume a beau être élémentaire, elle recèle un puissant venin. On apprend lentement à connaître ce brave Herbert, si calme, si posé, amateur de musique classique et de littérature, jouissant de son temps libre dans un petit bureau dont il refuse l’accès à son épouse. Dans le même temps, il dévoile la lente désagrégation de son couple dont il rend en partie responsable Norah. Cette femme, aimée trop vite et trop tôt, fréquente des milieux féministes, n’apprécie que la musique futile, s’avère être une mère sans instinct protecteur, se montre trop liée à ses parents, a des appétits de rupture sans avoir le courage d’aller au bout de ses velléités. Trop heureux de pouvoir vivre seul dans son petit confort égoïste et débonnaire après ce mariage qui n’a été qu’une erreur, Herbert a mûri l’idée de se débarrasser de sa conjointe en optant pour l’aconit. Mais tout ceci est-il aussi authentique qu’il ne le dit ? D’une manière particulièrement fine et crédible, John Wainwright lève le voile sur une terrible mystification. Deux cent vingt pages seulement, mais quel régal ! Des réparties remarquables de vraisemblance, un récit en apparence commun mais qui va révéler une duperie assourdissante, et un excellent rebondissement qui vient pimenter un texte d’une magnifique tenue. On se souviendra longtemps de ces échanges et de cette ambiance qui rappelleront nécessairement le film Garde à vue (normal, il s’agit d’une adaptation d’A table ! du même auteur), ainsi que de la virtuosité de l’ensemble.

    Un roman exceptionnel de maestria, où les apparences peuvent dissimuler de terribles artifices.

    10/05/2023 à 06:57 7

  • Une Confession

    John Wainwright

    9/10 John Duxbury est un citoyen tout ce qu’il y a de plus insoupçonnable. Marié, un enfant, il dirige une imprimerie. Une vie sans le moindre accroc, la respectabilité à l’état pur. En réalité, son couple bat de l’aile. Quand son épouse, Maude, chute du haut d’une falaise alors qu’ils sont tous les deux en vacances, l’accident apparaît évident. Sauf qu’un témoin, Raymond Foster, affirme avoir vu l’époux pousser sa femme. Alors, meurtre ou malheureuse glissade ? L’inspecteur Harry Harker enquête.

    De John Wainwright, on connaît déjà l’immense Bois de justice ainsi qu’A table !, adapté au cinéma sous le titre Garde à vue avec Michel Serrault et Lino Ventura, et dialogué par Michel Audiard. Ce roman, datant de 1984, a été encensé par Georges Simenon, et l’on comprend rapidement pourquoi le grand auteur l’avait tant apprécié. Une écriture remarquable, râclée jusqu’à l’os, simple sans jamais être simpliste. Des portraits particulièrement denses et humains, où les écarts, l’hypocrisie et les non-dits s’expriment parfois en quelques formules lapidaires bien senties. Et il y a ces portraits psychologiques, remarquables. Le policier Harker, boiteux, doué d’une immense mémoire, obstiné jusqu’à éclater en colères volcaniques. Maude, harpie aux allures de parfaite épouse lorsqu’elle se trouve en société. John, pauvre bougre parfois trop poli ou complaisant, même lorsque l’un de ses employés le vole. On apprend à saisir toutes les subtilités de ces personnages au gré d’un récit atypique, entre fractions du journal intime du mari et les points de vue des autres protagonistes, jusqu’à la révélation finale, qui est un pur joyau. On saisit à ce moment-là, avec encore plus d’acuité, pourquoi Georges Simenon a qualifié ce livre de « roman inoubliable ». Ce que Harker va dévoiler est d’une incroyable justesse, faisant jaillir le pus du furoncle marital. Quelques pages, pourtant d’une rare sécheresse stylistique, suffisent à divulguer l’ampleur de la tragédie sous-jacente. Un rebondissement, sans surenchère stérile ni effet de mauvais aloi, que l’on retrouve d’ailleurs dans certains des ouvrages du maître belge.

    Un opus magistral, dont l’efficacité est d’ailleurs inversement proportionnelle aux moyens mis en œuvre. Quelques individus, une intrigue de prime abord fluette, et pourtant, à l’arrivée, un grand moment de littérature noire et humaine. Tout simplement.

    03/05/2020 à 23:35 7

  • Tokyo Revengers tome 1

    Ken Wakui

    8/10 Quand il apprend qu’Hinata Tachibana, « la seule meuf avec qui [il est] sorti de toute [sa] vie, est morte, Takemichi, qui mène une existence très morne, se retrouve subitement projeté douze ans en arrière, du temps où il était collégien, et où il appartenait à un gang qui faisait fureur dans son établissement. Il se trouve que le gang adverse de l’époque sera responsable – donc douze ans plus tard – de la mort d’Hinata. Et ce premier saut dans le passé, à défaut de sauver la jeune fille, va préserver quelqu’un d’autre. Il n’a donc plus qu’une idée en tête : revenir dans le passé pour sauver Hinata. Quitte à côtoyer de très près Manjiro Sano, dit « Mikey », le redoutable chef de la bande qui tuera Hinata.
    Un graphisme très typé manga, nuancé par de nombreux propos grossiers, et un scénario qui rappellera sans doute « Terminator », « Un Jour sans fin » et « Edge Of Tomorrow », mais avec beaucoup d’habileté. Je me suis laissé prendre par cette histoire et les rebondissements, tout en me demandant comment va pouvoir évoluer cette série. Je serai certainement au rendez-vous des prochains tomes.

    22/05/2022 à 20:37 2

  • Ash House

    Angharad Walker

    8/10 Ash House : littéralement, « la maison de cendres ». C’est là où arrive un adolescent rapidement baptisé Sol par les autres pensionnaires. Un étrange manoir, inquiétant et drapé d’une sombre ambiance, où les matériaux traditionnels se mêlent à la végétation et aux cendres. En tout, une quinzaine d’enfants y vivent, sans la présence du moindre adulte. Il y a bien le Directeur, mais nul ne l’a vu depuis trois ans. Quant au Docteur, son aura sinistre en intimide plus d’un. Sol, d’abord surpris, constate aussitôt que des secrets sont enfouis en ces lieux : une clôture qu’il ne faut franchir à aucun prix, des créatures – les Shucks – qui rôdent, des drones déployés dans le ciel, des mots courants – « parent », « école », « film » – qu’aucun de ces adolescents ne connaît, une fillette qui a disparu et dont nul n’est autorisé à parler… Et Sol n’est pas au bout de ses surprises.

    Unique ouvrage de Angharad Walker, ce Ash House surprend aussitôt, en même temps qu’il ensorcelle. Une atmosphère pesante et menaçante, un manoir digne des textes d’Edgar Allan Poe, des orphelins soumis à un Directeur pourtant absent, des exigences morales sibyllines – les « Obligeances » et les « Désobligeances », le concept de maladie qui met en émoi les occupants des lieux… Il faudrait une longue liste pour répertorier tous ces éléments d’appréhension et de panique qui sont semés dans ce livre. Très habilement, Angharad Walker laisse croître les doutes du lectorat, ses effrois, ses interrogations, et le récit recèle de nombreux rebondissements et autres passages anxiogènes. Par exemple, la fuite de Dom et son combat contre les Shucks est un petit bijou de sensations fortes. Sol, miné par des douleurs vertébrales et expédié dans des conditions brumeuses dans ce foyer pour en guérir, ira de surprises en révélations, d’autant que le cortège des adolescents présents à ses côtés constituent autant d’alliés comme d’adversaires potentiels. Et puis, il y a cet amoncellement de secrets, de vérités cachées, de ouï-dire, de présomptions, de suspicions larvées. Sur trois cents pages, l’écrivaine nous propose une immersion haletante dans un univers sombre et décalé, à la lisière du roman à suspense et de l’irréel, qui secoue et oppresse. Et l’épilogue est à la hauteur du livre et de son enchevêtrement d’incertitudes : il est en quelque sorte très ouvert. Angharad Walker a-t-elle souhaité laisser chaque lecteur se forger sa propre opinion sur les maléfices de cette surprenante habitation ? A-t-elle songé à en rédiger une suite ? A ces questions, comme dans la conclusion de son ouvrage, aucune réponse certaine.

    Un roman poisseux et pénétrant, où se propagent autant d’ombres et de mystères que dans la tête du lecteur une fois l’opus terminé. A coup sûr, une histoire qui marque autant qu’elle interroge.

    02/05/2022 à 06:57 2

  • L'Appel du Barge

    Lalie Walker

    4/10 Vraiment déçu par cet opus. Le croisement de deux figures, Gabriel Lecouvreur et Jeanne Debords était excitante. Mais le format trop court rend la rencontre elliptique, presque anecdotique. Le Poulpe va mal, la moitié du livre se passe dans des bars et se perd dans de grandes introspections mollassonnes. Quant au noeud de l'intrigue, il est assez simple, voire simpliste.

    08/03/2015 à 18:17

  • La Morsure du Mal

    Julia Wallis Martin

    2/10 Au nord de l’Angleterre, dans l’angoissant manoir de Lyndle Hall, le jeune Nicholas Herrol est victime de morsures dont nul ne connaît l’auteur. Cet événement si énigmatique est d’ailleurs d’autant plus inquiétant que le père de Nicholas a disparu sans raison. Pour essayer de comprendre ce qui harcèle le jeune garçon, la police ainsi qu’un médium américain et une professeur à l’Institut britannique de recherches sur les phénomènes paranormaux vont mener l’enquête.

    Partant d’une idée originale et alléchante, J. Wallis Martin ne parvient pourtant vraiment pas à convaincre. Les personnages, assez nombreux, sont introduits sans réelle description, au point qu’au bout de quelques pages, il est parfois difficile de les resituer. Manque de panache du scénario, de vigueur du récit, de profondeur des protagonistes : certains passages sont beaucoup trop longs, presque soporifiques, tandis que le lecteur aurait souhaité que l’enquête progresse enfin. Mais le plus frustrant reste la construction du roman : l’affrontement des points de vue du médium, de la police ainsi que de la professeur est presque inexistant, et le lecteur n’a finalement droit qu’à une enquête assez classique et décevante sur la disparition du père de Nicholas, laissant cette histoire de morsures à un ixième plan… pour ne plus être abordée qu’en quelques lignes à la toute fin !

    La morsure du mal est donc une immense déception !

    24/01/2008 à 06:55

  • Le Goût des Oiseaux

    Julia Wallis Martin

    7/10 Un bon polar psychologique, bien mené malgré quelques longueurs parfois et un petit manque de suspense quant à l'identité de l'assassin.

    12/01/2006 à 09:14

  • Où les borgnes sont rois

    Jess Walter

    8/10 L’inspectrice de police Caroline Mabry voit arriver au commissariat un homme qui dit avoir un meurtre à lui avouer. Ce borgne prétend qu’il ne peut cependant pas lui livrer le nom de la victime, et que la policière doit au préalable l’écouter. Clark Mason a effectivement une longue histoire à relater, qui commence dès son enfance. Qui commence dès sa rencontre avec Eli Boyle.

    Deuxième ouvrage de Jess Walter à être traduit en français après Les berges du crime, ce roman étonne par sa structure. Il s’agit des longs et minutieux aveux d’un individu qui va faire débuter son récit à l’époque où il fréquentait l’école. Mason va ensuite dérouler la pelote de sa vie jusqu’aux heures qui ont précédé son arrivée au commissariat. Sa rencontre avec Eli Boyle, souffre-douleur des petits caïds en raison de son apparence physique, leur relation de haine puis d’amitié, les premières amours, puis l’âge adulte, ponctué de coups bas, de rêves de grandeur, avec notamment des escroqueries financières et des velléités politiciennes. Jusqu’à ce que les désirs inachevés où s’entremêlent passion, argent et ambition, débouchent sur le drame. Indéniablement, ce récit de Jess Walter emprunte tout autant au polar (par son intrigue, son agencement, et l’évidence d’un homicide) qu’au drame (analyse des relations humaines, des sentiments des personnages, et de la progressive autodestruction d’un groupe de personnes soumis aux aléas de l’existence). L’ensemble, pour peu que l’on se laisse prendre par le courant des paroles de Mason, est rapidement prenant, et la langue de l’auteur, à la fois subtile et pertinente, offre de bien belles pages. L’aspect policier est également réussi, avec une lente mise en place des éléments, des rebondissements bienvenus, et l’explication finale, si poignante.

    Quelque part à la lisière entre la tragédie moderne et le polar, voilà un livre plutôt singulier, bouillonnant d’émotions humaines, où les larmes et le sang se côtoient à merveille. Jess Walter montre l’étendue de son talent grâce à ce roman si touchant de sensibilité et qui ravira de la même manière les amateurs d’une littérature policière qui peut si bien parler au cœur et à l’âme.

    09/03/2013 à 11:52 2

  • L'ombre du Caméléon

    Minette Walters

    6/10 Le lieutenant de l'armée anglaise Charles Acland est grièvement blessé lors d'un combat en Irak et revient au pays, meurtri dans son âme comme dans sa chair. Il est en partie amnésique, soumis à de fortes migraines, et son visage ravagé par un éclat d'obus qui lui a ôté l'usage d'un œil. Il est aussi la proie de haines nouvelles et de crises de rage qu'il peine à contrôler, et ce ne sont pas les visites de son ancienne fiancée à l'hôpital où il est soigné qui l'aident dans sa guérison. Quand une série de meurtres ensanglante Londres, les victimes étant d'anciens soldats homosexuels violés puis battus à mort, la police oriente ses recherches vers le lieutenant Acland. Pour les médecins qui s'occupent de lui, il faudra accepter de comprendre ce personnage si complexe pour tenter de prouver son innocence.

    Auteur à succès d'une douzaine de romans policiers et de thrillers, Minette Walters signait en 2007 cette histoire qui est très représentative de son style et de ses intrigues habituelles. L'accent est mis sur la psychologie des protagonistes, avec en point d'orgue l'étude du militaire Acland, dont les plaies externes sont moins atroces que celles de son âme. La langue de l'auteur est agréable et le roman se laisse lire. Cependant, malgré un point de départ original – l'analyse d'un grand blessé de guerre qui est peut-être un tueur en série de la pire espèce – le livre finit parfois par lasser en raison de longueurs inutiles et d'un certain manque de suspense : les fausses pistes ne sont pas assez nombreuses et le lecteur aguerri finira par deviner l'identité du coupable bien avant le dénouement. Par ailleurs, au-delà de ces chapitres qui se diluent dans des dialogues et situations pas forcément nécessaires à l'intrigue et à la tension romanesque, il y a un indéniable manque d'action qui pourra déplaire.

    L'ombre du caméléon est donc un roman psychologique qui plaira avant tout aux fans de l'auteur de Cuisine sanglante, Lame de fond et La muselière pour ne citer qu'eux, sans pour autant emporter l'adhésion totale des autres lecteurs.

    26/07/2009 à 09:30

  • La Disparue de la cabine n° 10

    Ruth Ware

    8/10 On ne peut pas dire que Laura Blacklock mène en ce moment une vie de tout repos. Elle vient de tomber nez à nez avec un cambrioleur alors qu’elle était à son appartement, ne parvient pas à se débarrasser de son addiction aux antidépresseurs et à l’alcool, et ses amours avec Judah sont incertaines. Alors, lorsqu’on lui propose de partir une semaine dans un yacht pour multimillionnaires avec une dizaine d’autres invités afin de couvrir l’événement, la journaliste n’hésite guère. Au cours de la croisière, elle fait la rencontre d’une femme, occupant la cabine jouxtant la sienne, qui disparaît aussitôt, après que Laura a entendu un grand plouf. Le problème, c’est qu’aucun voyageur ne manque à l’appel…

    Après Promenez-vous dans les bois, voici le deuxième livre de Ruth Ware, un whodunit à la fois classique et très efficace. On se prend rapidement d’amitié pour Laura – appelez-la Lo, elle préfère, qui est une jeune trentenaire, à la fois faible en raison de ses dépendances pharmacologiques et alcooliques, mais sacrément pugnace. Elle n’hésitera d’ailleurs pas à mener son enquête sur cette étrange disparition que tout le monde prétend fausse puisqu’il n’y a pas de croisiériste manquant. C’est alors un habile jeu du chat et de la souris qui commence, au cours duquel Lo va tenter de percer les mystères de l’Aurora Borealis, ce bateau à la fois bien plus petit que ces traditionnels monstres des mers et suffisamment grand pour abriter des énigmes. Les divers suspects, transcrits en quelques rapides et habiles coups de plume, sont intéressants, qu’ils soient reporters, mannequins ou magnats, et présentent des profils auxquels Lo essaiera d’accrocher une pancarte « coupable ». L’ambiance est adroitement plantée, de la décontraction entre personnes opulentes jusqu’à la paranoïa croissante de notre héroïne. Des mots griffonnés sur un miroir embué, des traces de pas, un mascara ainsi que des photographies qui disparaissent, autant de signes annonciateurs qui démontrent que l’on en veut à Lo, au point de passer de l’intimidation au meurtre. Inutile d’attendre dans ce livre de Ruth Ware des scènes pétaradantes, des éruptions sanglantes ou un tueur en série aliéné : c’est bien plus du côté d’Agatha Christie que l’écrivaine va chercher son inspiration, sans pour autant tenter de copier la Reine du crime. Et c’est un régal de bout en bout, avec une réelle inspiration, une narration à la première personne qui crée une belle proximité avec miss Blacklock, un sens aigu du suspense, et quelques rebondissements très fins. On apprécie également les extraits de forums, messages sur les réseaux sociaux et autres SMS qui émaillent le roman. Et c’est sur des chapitres d’une tension maligne que se résout l’énigme, achevant de faire de cet opus une réussite en son genre.

    31/07/2018 à 08:48 4

  • La grande séparation

    Philippe Waret

    7/10 Il s’agit du cinquième ouvrage de la collection 14/18 chez Pôle Nord Editions. Comme dans les autres, on retrouve une salvatrice volonté de la part des auteurs nordistes de raconter, chacun à leur manière, un pan du conflit. Ici, Philippe Waret emprunte la voie du roman policier, de manière classique, pour envisager la vie de Roubaix, depuis les prémices de la guerre à sa fin, en passant bien évidemment par l’occupation allemande. Indéniablement, l’écrivain maîtrise son sujet : que ce soit du point de vue historique, géographique ou culturel, il sait rendre vivante cette portion du début du vingtième siècle, et la bibliographie copieuse en fin d’ouvrage n’est assurément pas là pour décorer. Grâce au journal intime qui leur est confié, nos deux journalistes vont voir s’étaler la vie dans la ville depuis août 1914 jusqu’à la fin des combats. Ils verront alors se dessiner de saisissants portraits humains, nombreux, où se télescopent la défense de la patrie, les premiers morts, l’illusion perdue d’une victoire expéditive, puis l’appropriation du territoire par les troupes ennemies. Face à cette invasion, certains choisiront la résistance, d’autres la soumission zélée, et c’est justement dans ce carambolage des consciences et des inconsciences que se manifestera la vérité quant à la présence de ces deux inconnus dans une cave de l’usine. Si Philippe Waret s’illustre en excellent conteur, on regrette finalement la forme de l’ouvrage, à savoir son choix narratif : la quasi-totalité du livre consiste donc en une exposition chronologie des faits, sans la moindre surprise. Tout y est certes vivant et crédible, mais ce déroulé, à la tournure un peu décevante, refusant toute ellipse, flash-back et autres péripéties purement temporelle, frustre donc un peu le lecteur d’une véritable enquête ou d’une narration moins prévisible. Cela donne parfois l’impression que Philippe Waret n’a pas véritablement su choisir entre littérature policière et littérature blanche, délaissant ainsi son opus à la croisée de deux chemins bien distincts au risque de décevoir les deux types de randonneurs.

    De grande tenue, la structure trop linéaire de ce roman dessert un récit pourtant humainement brillant, historiquement prenant et d’une impérieuse nécessité mémorielle. Néanmoins, entre littérature blanche et noire, Philippe Waret a trouvé le moyen de rendre son œuvre grisante.

    04/11/2015 à 18:28