Il faisait particulièrement doux ce soir-là.
Nous étions en été, un samedi soir, la fête annuelle de la base nautique des Crozes avait battu son plein toute la journée.
Justine avait demandé à ses parents, également présents, de pouvoir passer la nuit avec sa cousine et deux copains de classe sur l'îlot des Bois-Obscurs, au centre du lac.
Un camping entre pré-adultes.
Une récompense pour le bon travail fourni toute l'année.
Promis, ils seraient de retour le lendemain, à 10 heures au plus tard.
Le dimanche matin, les adolescents se font attendre.
L'un des parents, de rage, parcourt la distance à la nage.
Sur l'îlot il découvre l'étendue du massacre : les corps meurtris, outragés, dénudés.
Les familles des victimes, des accusés, la région, tous vont connaître le chaos et le déclin.
Ma vie d'enfant a basculé ce jour-là.
Quelqu'un – quelque chose –, au visage indéfini, malveillant, a pris possession de mon imaginaire, de mon âme.
Vingt ans après le drame, l'occasion de dépasser ce traumatisme collectif s'offre à moi.
Je vais enfin pouvoir donner un visage à mes peurs.
On en parle sur le forum : Un souffle, une ombre - Christian Carayon (Fleuve)
Soumis le 17/01/2016 par El Marco