Balade entre les tombes

La Balade entre les tombes (A Walk Among The Tombstones)

1 vote

  • 8/10 Le détective privé Matt Scudder, ancien flic alcoolique responsable de la mort d’un enfant alors qu’il était en état d’ébriété avancé, reçoit un appel émanant de Kenan Khoury. Sa femme a été enlevée et les kidnappeurs, au lieu de la lui rendre vivante après paiement de la rançon, la lui ont rendue découpée en morceaux dans le coffre d’une voiture. Pour Matt, c’est le début d’une longue investigation qui va le mener à affronter deux êtres d’une rare perversité.

    Ce roman de Lawrence Block, le dixième opus de la série consacrée à Matt Scudder, fait froid dans le dos. Il commence par l’enlèvement de Francine Khoury, les tractations avec les kidnappeurs et la découverte du corps monstrueusement martyrisé, et s’achève avec une nouvelle vague de violences barbares. Entre ces parenthèses de terreur, une enquête sinueuse, crédible, où notre limier va se faire aider par des personnages croustillants, notamment TJ, adolescent noir au vocabulaire acidulé, au courage remarquable et à l’humour grinçant. Une investigation scrupuleuse, loin de certains clichés qui fleurissent dans nombre de romans où les coïncidences, épisodes invraisemblables et autres rebondissements téléphonés pullulent. D’ailleurs, de téléphone, il en est amplement question, avec une longue entreprise menée par Matt et d’autres collaborateurs pour essayer de retracer quelle cabine téléphonique a été utilisée par les monstres. Un duo de psychopathes, multirécidivistes, d’une incroyable sauvagerie, dans les actes desquels se mêlent sexe, sadisme et mutilations pratiquées comme on découperait une tranche de viande. Une paire de prédateurs mémorable, d’autant plus inquiétante et inoubliable que sa dépravation sonne de façon très crédible. Si certains passages risquent de paraître un peu longs pour certains, indéniablement, Lawrence Block maîtrise son sujet au cours de ce roman noir brûlant qui se termine, comme on l’a évoqué précédemment, sur une scène du talion que l’on ne pourra pas oublier. Des paroles continueront d’ailleurs longtemps de résonner à nos oreilles, comme ces tirades, confession de l’un des tortionnaires, inouïes de férocité et d’inhumanité : « Les femmes. Elles ne sont pas réelles. Ce sont des jouets, c’est tout. Quand vous prenez un hamburger, êtes-vous en train de manger une vache ? Bien sûr que non. Vous mangez un hamburger. », ou « Quand elle marche dans la rue, c’est une femme. Mais à l’instant où elle monte dans la camionnette, c’est fini. Ce n’est plus que des pièces détachées. »

    Un ouvrage d’une immense noirceur, parfois un peu trop bavard, mais dont on ressort essoufflé et perclus de douleurs morales, puisque l’on a vu passer, sous nos yeux médusés, un torrent de monstruosités et de bestialités.

    25/03/2019 à 18:33 El Marco (3423 votes, 7.2/10 de moyenne) 3