Les Larmes de Sibyl

  1. Un médium bien encombrant

    À Chartham, petit village isolé de Cornouailles, un homme fait rapidement parler de lui. Il s’agit de Patrick Markale, un voyant capable de prouesses avec son pendule. Destinées, objets perdus, crimes anciens, rien ne lui résiste. Appelés sur place, l’inspecteur Hurst et son comparse le docteur Twist devront tirer cette histoire au clair.

    Spécialiste moderne des meurtres en chambre close, Paul Halter signait ces Larmes de Sibyl en 2005. Immédiatement, le charme opère. L’écrivain dispose d’une plume gracieuse et très habile qui reconstitue en quelques traits les ambiances embrumées de l’Angleterre. À l’aide d’une langue légèrement surannée, les personnages sont croqués avec justesse, dissimulant suffisamment de part d’ombres et de non-dits pour pouvoir éventuellement nourrir les rangs des suspects. Si, une fois n’est pas coutume, il n’y pas ici d’assassinat en milieu fermé, le lecteur se retrouve néanmoins avec une intrigue typique de l’intelligence de Paul Halter, à savoir un devin un peu trop brillant, sans compter des événements annexes voire antérieurs qui alimentent l’histoire : une prétendue source miraculeuse, un homme tombé du haut des falaises, etc. Le seul véritable défaut de cet opus repose justement sur le concept même de cet augure, car les lecteurs les plus aguerris réussiront probablement à dénouer le mystère avant l’habile médecin Twist.

    L’ensemble est parfaitement construit et, même si l’on peut préférer les ouvrages de Paul Halter où il est question de meurtres en chambre close, ces Larmes de Sibyl demeure un bien bon divertissement, avec cette élégance et cette perspicacité si typiques de la part de l’auteur.

    /5