Terminus Calais

  1. Sombres rivages

    Calais, de nos jours. Des sans-papiers afghans assassinés. Un Érythréen enlevé puis dont on découvre la dépouille massacrée. Un groupuscule raciste semble être à la manœuvre, d’autant que des pressions menaçantes pèsent sur les bénévoles venant en aide à ces migrants. Le capitaine Alec Zolta est mis sur l’enquête, même si tout le monde la considère en haut lieu comme bouclée.

    Il s’agit du second roman de Patrick Morel à être publié chez Ravet-Anceau après Double meurtre à Rouen. Prenant pied dans un drame social qui ne semble pas sur le point d’être résolu, l’auteur mêle l’aspect policier à une lourde charge politiquement engagée. Il décrit tout autant le quotidien des émigrés fraîchement débarqués sur le sol français que celui des volontaires cherchant à améliorer le sort de ces étrangers. Certes, les traits sont parfois épais voire volontairement épaissis, mais on sent nettement palpiter sous la plume de l’écrivain une humanité et une philanthropie désarmantes. Parallèlement, l’ouvrage permet de découvrir deux portraits fort bien croqués : Adam Mocart, ancien policier en perdition et encore tenu sous le joug d’anciennes relations peu recommandables, et surtout Alec Zolta, à mi-chemin entre le SDF et le moine, flic tout en délicatesse et dont le charisme ne laisse pas sa coéquipière indifférente. Si les fils de l’intrigue sont quelquefois trop visibles et certains effets forcés, le récit se lit très facilement et agréablement, entre règlements de comptes mafieux et exactions racistes, et également la présence inquiétante d’un molosse appelé Yellow Dog.

    Voilà un ouvrage réussi, fort bien écrit, où s’entremêle satire politique et investigation policière. Un roman finalement aussi engagé qu’engageant.

    /5