Peur express

  1. Train d’enfer

    Par une nuit où la neige tombe en tempête, un train s’arrête sur les voies, au beau milieu d’un viaduc. Six adolescents deviennent alors les victimes de phénomènes inexplicables : apparitions de revenants, un vampire surgissant de nulle part, tueurs en série présents dans les couloirs…

    Auteure d’ouvrages pour la jeunesse, Jo Witek s’essaie au thriller. Elle sait d’entrée de jeu trouver les mots et le style qui sauront captiver, grâce à des décors inquiétants et des personnages immédiatement reconnaissables et parcourus de failles anciennes. Puis survient le chaos, avec son cortège de situations traumatisantes, aussi effrayantes qu’inconcevables. Les scènes cognent, les mots heurtent, les frissons gagnent les chairs. Pour peu que le lectorat soit un peu âgé – car il faut une maturité certaine pour en apprécier tout le sel, ce roman saura saisir aux tripes, avec des passages qui évoqueront des scènes issues de films fantastiques ou d’horreur.
    Arrive alors l’heure des explications, des tentatives désespérées de cette demi-douzaine de jeunes pour comprendre le désordre qui s’est emparé d’eux. Les propos de Jo Witek empruntent tout autant à la science qu’à l’ésotérisme, offrant des pistes de réflexion très intéressantes. Mais si l’on se réfère à l’estampille « thriller » apposée sur l’ouvrage, les amateurs du genre risqueront d’être un peu déçus. L’écrivaine balaie le champ des possibles, dégage des sentiers de pensées, trace des chemins dans ce maquis de l’insondable, mais tous ces éléments demeurent au stade du probable, du suggéré. D’aucuns auraient probablement préféré un choix scénaristique plus affirmé, une résolution, même si elle pouvait éventuellement se montrer décevante ou partiale.

    Si l’on recherche un opus prompt à dresser la chair de poule pour des lecteurs adolescents, le compte y est, indéniablement. En revanche, l’étiquette de thriller lui sied moins bien, à cause de cette fin un peu trop ouverte et non tranchée. Néanmoins, le talent de Jo Witek est indiscutable et l’on se laisse facilement transporter aux côtés des passagers de ce train, au gré d’un wagon littéraire qui jamais ne déraille.

    /5