Angoisse à louer

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  • 7/10 Tout juste muté à Béthune, Michel Massard doit trouver un logement au plus vite, et il emménage rapidement dans un studio meublé. Le départ d’une nouvelle vie ? Oui, mais pas d’une vie idyllique. Les autres occupants de l’immeuble se montrent peu, la concierge a l’amabilité d’une guillotine. Et si ce bâtiment recélait des secrets effrayants ?

    Après La Veuve de Béthune, Béthune, 2 minutes d’arrêt et Boulogne stress, Patrick S. Vast revient chez Ravet-Anceau pour ce polar. On y retrouve le ton si typique de l’auteur, et encore plus sa plume, dépouillée, reconnaissable entre toutes. Personnages décrits en quelques mots, décors minimalistes, ambiances restituées en un nombre minimal de phrases. Patrick S. Vast est assurément l’écrivain de l’économie littéraire, mettant en parallèle une nouvelle intrigue où les individus et événements sont autant de rouages amenant lentement mais sûrement vers des drames. Rares sont les auteurs à disposer d’une telle typicité. Comme dans les précédents livres, on se doute vite que Michel Massard va devenir la proie d’un terrible mécanisme sans que l’on soit pour autant capable de le caractériser a priori. Car sur cet échiquier vont apparaître d’autres pièces, comme une femme dominante et meneuse de parties sadomasochistes, le fils d’un agent immobilier ayant des comptes à régler avec son père, un collègue de Michel au comportement trouble avec sa femme comme avec ses associés, une troublante nièce de la concierge, etc. Toutes ces petites flammèches vont posément converger jusqu’à nourrir un même incendie qui brûlera plus d’un être humain. Si certains engrenages ne viennent pas aussi astucieusement s’emboîter aux autres comme ce fut le cas dans les autres ouvrages de Patrick S. Vast, il n’en demeure pas moins que le lecteur sera graduellement happé par une catastrophe, à la fois crédible et si tragiquement humaine.

    Avec ce roman à suspense teinté de noir, Patrick S. Vast a su maintenir le cap qu’il s’était fixé avec sa bibliographie. Une écriture épurée, dans les descriptions des lieux comme des personnages, pour mieux mettre en exergue la lente déchéance de ses êtres d’encre. Une gageure une fois de plus réussie, peut-être un peu moins que par le passé, mais qui donne déjà envie de connaître ce que cet écrivain si original a prévu pour la suite de ses œuvres.

    02/10/2013 à 20:26 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne)