Le Sourire des pendus

  1. Alors qu’elle enquête sur le marché du sexe, Lara Mendès, une journaliste télé, est enlevée et devient la proie d’un pervers. Sookie Castel, jeune policière, découvre une triple pendaison. Son père, Léon Castel, dirige une association de victimes pour reconnaître leurs droits. Pour eux trois ainsi que leur entourage, c’est le début d’une longue descente aux enfers.

    Premier opus de la série W3, ce roman est un véritable bijou de noirceur. Très rapidement, le lecteur est entraîné dans une plongée abyssale vers les déviances. Perversités, trafics d’enfants, prostitutions massives, où l’être humain est relégué au rang de bétail. La nervosité insufflée aux mots par Jérôme Camut et Nathalie Hug en devient communicative, et c’est avec les tripes nouées que l’on dévore les sept-cents-cinquante pages de ce pavé. Un point fort de cet ouvrage, au-delà de sa structure narrative, c’est l’alternance des points de vue entre les différents personnages : environ cent-soixante-dix chapitres courts, presque hachés, brûlants de monstruosité. On tremble aux côtés de Lara, proie d’un kidnappeur, enfermée dans un blockhaus diabolique. On s’émeut de la détresse de son frère. On s’indigne au même titre que Léon de ses tentatives pour alerter la population. Livre choral, c’est également une large palette de personnages forts et crédibles qui défilent au gré des scènes. Même si certains lecteurs reprocheront quelques longueurs, on sort de ce souterrain littéraire estomaqué et, paradoxalement, avec l’envie ardente de retrouver ces protagonistes.

    Venimeux, cruel, sombre, les qualificatifs ne manquent guère pour désigner ce Sourire des pendus. Dans tous les cas, il est presque impossible d’en sortir dubitatif ou indifférent, ce qui est la marque des livres remarquables et qui survivront aux modes.

    /5