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8/10 Un taxidermiste est retrouvé assassiné dans son atelier. Détail choquant : ses yeux ont été remplacés par des billes de verre. Le capitaine de police Félix Dutrey se met à enquêter. Les pistes sont nombreuses, et il faudra, à lui et son équipe, bien du flegme pour venir à bout de cette investigation.
Pascal Dessaint signait en 2008 ce roman d’une très grande classe. Le lecteur est immédiatement happé par le style de l’auteur, si personnel, où se mêlent avec une sensibilité éclatante un réel talent de narrateur et une maîtrise totale de l’intrigue. Félix Dutrey, en policier broyé par la vie et proche du suicide, ainsi que chacun de ses collègues, constituent des individus si humains, si touchants, qu’ils crèvent littéralement le papier où se couchent leurs existences. Oscillant entre l’humour parfois grivois de certaines répliques ou situations et une profonde noirceur où se noient nombre de protagonistes, cet ouvrage éclatant aurait pu sombrer dans le guignolesque, voire le bancal. Il n’en est rien. Pascal Dessaint restitue avec panache les attitudes, sentiments et psychologies de ses êtres d’encre. Les suspects et motivations du meurtrier se multiplient au gré des pages, entre rivalités amoureuses, trafics d’animaux et défense acharnée de l’écologie, mais on finirait presque par s’en désintéresser, même si l’axe policier de ce roman est à la fois subtil et efficace. Ce qui séduit, à la manière d’un chanteur qui nous roucoulerait à l’oreille des paroles d’une rare fadaise, c’est la voix si particulière de l’écrivain : dense, gracieuse, tantôt débonnaire, tantôt acide.
Pascal Dessaint n’en finit pas de nous séduire. Une plume immédiatement reconnaissable, une narration atypique, et des personnages qui continuent de vivre et d’évoluer dans l’esprit du lecteur bien après que la dernière page du livre est tournée.08/12/2013 à 08:48 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne)