Pliera bien qui pliera le dernier

  1. Quand le Poulpe se plie en quatre…

    Une étoile filante. Voilà comment Gabriel Lecouvreur songe à Valeria, splendide contorsionniste, après qu’il l’a sortie des griffes d’un violent trapéziste. En échange, elle lui a offert son corps souple et expert ainsi que des souvenirs de sexe torride pour le reste de sa vie. Ça n’est que plus tard qu’il apprend que cette sublime créature a été retrouvée morte, pliée dans un minuscule aquarium. Ni une ni deux, et encore moins trois, Gabriel part pour le Lot où traîne le cirque dans lequel officiait Valeria.

    Il s’agit de la deux-cent-quatre-vingtième enquête du Poulpe, signée par Margot D. Marguerite. Le ton est immédiatement donné : ça sera fantasque. Narré à la première personne, le récit est un véritable déluge d’humour, souvent grinçant et grivois, dans les situations et les dialogues, ce qui constitue un terreau fertile où fleurissent les aphorismes imparables. Avec une idée de départ sacrément loufoque, l’auteur déroule ensuite une histoire rocambolesque, fleurie et tonitruante, permettant de rencontrer des individus savoureux, notamment au sein du cirque. Si l’intrigue passe parfois au second plan et quelques longueurs émaillent le récit, on pardonne volontiers à Margot D. Marguerite ce manque bien subjectif de tenue en raison de sa faconde hilarante et son don pour mettre en scène une fiction échevelée.

    Si, à l’évidence, il ne s’agit pas de l’opus le plus abouti de la série, il n’en demeure pas moins sévèrement dynamique et coloré. Gabriel y prendra autant de claques dans la figure que d’hématomes à son petit cœur de poulpe. On attend déjà l’ouvrage suivant avec impatience : Quatre Corses majeurs, de Philippe Franchini.

    /5