Ljuba et Cam sont deux lycéennes vivant dans un foyer dédié aux adolescentes en difficulté. Un jour, elles découvrent que leur amie Morgane a disparu. La dernière fois qu’elle a été vue, c’était pour rencontrer un photographe. Et si Morgane était tombée entre les mains d’un dangereux criminel ?

Après Le Dernier ours, Charlotte Bousquet signe un nouvel ouvrage dans la collection Thrillers de Rageot et, une fois de plus, le livre est remarquable. Le lecteur est immédiatement embarqué par l’histoire, écrite au présent et avec des phrases lapidaires. Les personnages sont délicieusement croqués, notamment Ljuba, jeune Rom au tempérament affirmé et ressassant les dénigrements dont elle a été souvent la victime.
Le scénario est fondé sur la disparition de Morgane et met vite les deux héroïnes aux prises avec des individus retors, prêts à faire couler le sang et faire taire d’éventuels importuns. On découvre ainsi l’univers immonde de l’esclavage humain, avec ses réseaux de prostitution, où les femmes, souvent jeunes, sont réduites à l’état de bétail, chairs innocentes convoitées par des criminels lubriques. On pouvait d’ailleurs s’attendre à une vision édulcorée de ces commerces inavouables, mais ça n’est pas le cas. Comme dans Le Dernier ours, Charlotte Bousquet emploie une langue mature, sans dissimulation de la vérité, proposant à son lectorat une vision glacée et fidèle.

D’une plume à la fois alerte et sans concession, destinant d’ailleurs cet opus à des lecteurs aguerris, Charlotte Bousquet offre un thriller prenant et sombre. Au-delà de la séduction qu’il opère, il propose également un récit vif quant au racisme et aux trafics d’êtres humains. Une gageure pour un roman destiné aux adolescents, puisqu’il les distrait autant qu’il les alerte.