Le Traité des supplices

  1. L’ombre de l’Inconnaissable

    Lyon, août 1794. Alors que la Grande Terreur se meurt, on retrouve dans la prison des Recluses des dizaines de cadavres atrocement suppliciés. Le coupable est tout désigné : Fouché, le bourreau des heures sombres de la Révolution. Les quatre individus ayant trouvé ces corps se font le serment de mener à sa perte cet immonde tortionnaire. Ils croiseront sur leur route la devineresse Marie-Adélaïde Lenormand, sans être conscients qu’ils vont tous les cinq se ruer entre les crocs d’un adversaire machiavélique et au puissant appétit de destruction.

    Après La Sibylle de la Révolution, Nicolas Bouchard signe un second épisode des enquêtes de Marie-Adélaïde particulièrement saisissant. Le décor est très habilement planté, et la reconstitution de cette période pour le moins trouble et troublée se fait avec intelligence et compétence, sans jamais que cet amarrage historique ne devienne un prétexte pour se répandre en vaines considérations et circonvolutions soporifiques. Par-delà son érudition, l’auteur a également bâti une intrigue prodigieuse, où les codes du polar historique se mêlent à ceux du thriller. L’assassin, surnommé l’Inconnaissable, est un être d’une rare perversité, brutalisé dans son enfance de manière si étourdissante qu’il va revenir dans le monde des hommes avec des desseins innommables. De ce récit à la fois glacial et brûlant, resteront pour le lecteur, à la manière de persistances rétiniennes, des images d’une rare violence : les trois calvaires que subiront les victimes de l’inquisiteur, les circonstances de la naissance de sa sœur ainsi que son aspect physique, les femmes livrées en pâture aux convoitises sexuelles des clients dans le bâtiment de la Force…

    Intercalé entre La Sibylle de la Révolution et La Sybille et le marquis, cet opus constitue une remarquable réussite. Un thriller historique venimeux autant qu’instruit.

    /5