Des noeuds d'acier

  1. Huis clos à la campagne

    Théo a pris 19 mois fermes pour avoir passé son frère à tabac après avoir découvert qu'il avait fricoté avec sa femme. N'ayant pu s'empêcher de retourner le voir à sa sortie de prison alors que cela lui était formellement interdit, il décide de se mettre au vert. Il loue une chambre dans un gîte rural bien perdu et passe son temps entre repos et randonnée. C'est durant l'une de ses promenades qu'il est enlevé par deux types, qui vont le séquestrer dans leur maison isolée de tout. Le début de l'enfer...

    Le huis clos centré sur un personnage enfermé à qui ses geôliers font vivre des horreurs, c'est vu et revu, ne peut-on s'empêcher de penser. On songe immédiatement au Misery du grand Stephen King (de nombreux lecteurs se souviennent encore de l'écrivain Paul Sheldon et de la terrible Annie Wilkes). Les Français ne sont pas en reste, de La forêt des ombres de Franck Thilliez aux Morsures de l'ombre de Karine Giebel.
    Sans non plus révolutionner le genre, Sandrine Collette, qui signe là son premier roman, parvient à accrocher le lecteur, notamment par le choix de son personnage principal, qui n'est pas non plus exempt de tout reproche.
    Persuadé de pouvoir s'échapper facilement et rapidement, Théo fait d'abord preuve de courage. Traité comme un chien par ses « maîtres », deux vieux frères pas tout à fait sains d'esprit, qui le font travailler jusqu'à l'extrême, l'attachent en permanence et lui donnent pour seule nourriture les restes de leurs repas, il sombre peu à peu psychologiquement et physiquement. Sans en faire trop (pas de scènes de violence gratuite ni de gore superflu), l'auteur parvient à nous rendre finalement plutôt sympathique ce quadragénaire pourtant monstrueux à certains égards.

    Des nœuds d'acier n'est pas exceptionnel en ce qu'il n'est pas particulièrement original. Pour autant, il s'agit d'un bon thriller psychologique sur le thème rebattu de l'enfermement contraint. Bouclant son récit en quelque 250 pages qui se lisent d'une traite, Sandrine Collette ne tombe pas dans la mode du premier roman « pavé ». C'est sans doute en partie cette efficacité qui a été saluée par le jury du Grand prix de littérature policière, qui lui a décerné l'an dernier cette récompense convoitée. Depuis, Des nœuds d'acier est disponible en poche et l'auteur a poursuivi sur sa lancée avec Un vent de cendres, paru le mois dernier.

    /5