Juin 2017, dans le réserve Blackfeet du Montana. Ashley Loring Heavyrunner disparaît après s’être rendue à une fête. Ce qu’il est advenu de cette Amérindienne n’émeut guère la police ni les médias, et ce sont diverses personnes qui vont remuer ciel et terre pour tenter de retrouver la jeune femme de vingt ans. Au-delà de ce fait divers, c’est l’ensemble de la société américaine qui est interrogée sur ses liens coupables avec le sort qu’elle a destiné aux Natifs.
Ce documentaire, publié dans la collection True crime, est une nouvelle réussite. Anaïs Renevier, à qui l’on doit déjà le très bon L'Affaire Alice Crimmins, revient avec ce récit très circonstancié. La journaliste dresse un portrait saisissant de l’enquête, des multiples protagonistes, des errances du FBI et du Bureau des Affaires Indiennes – entre laxisme, délai insupportable pour lancer une enquête officielle et perte des preuves – ainsi que des rebondissements. Le final, où il est question d’un aigle susceptible de fournir un signe qui se veut à la fois encourageant et dramatique, est marquant, mais c’est davantage le cadre global de l’investigation et les nombreuses questions sociétales soulevées tant par l’affaire que par l’auteure qui retiennent l’attention, braquant les projecteurs sur des lésions béantes. Il y est question de la criminalité endémique dans les réserves indiennes, du taux de violence qui y règne, de la quantité effroyable de disparitions de femmes en ces territoires pourtant nationaux et du sort plus général des Natifs. Quelques statistiques épouvantables : « Au moins 90 % des femmes amérindiennes ont été victimes de violence dans leur vie. Une femme native disparaît toutes les huit heures aux Etats-Unis ». Autre donnée révoltante : « Quand on est une femme amérindienne, on a statistiquement plus de probabilités d’être violée ou tuée que d’aller à l’université ». Anaïs Renevier ne se contente pas d’être la comptable de ces relevés criminalistiques : elle les exploite, les surligne, crée des connexions avec l’Histoire du pays et livre ce tableau saisissant. Il faudra d’ailleurs d’autres disparitions inquiétantes (Henny, Kaysera et Selena) pour que les lignes bougent enfin et que le problème – doux euphémisme – soit enfin porté à la connaissance du public comme des politiques.
Un ouvrage fort et engagé, féministe en diable et d’une redoutable efficacité, qui surprend, effraie et lance l’alerte.
Juin 2017, dans le réserve Blackfeet du Montana. Ashley Loring Heavyrunner disparaît après s’être rendue à une fête. Ce qu’il est advenu de cette Amérindienne n’émeut guère la police ni les médias, et ce sont diverses personnes qui vont remuer ciel et terre pour tenter de retrouver la jeune femme de vingt ans. Au-delà de ce fait divers, c’est l’ensemble de la société américaine qui est interrogée sur ses liens coupables avec le sort qu’elle a destiné aux Natifs.
Ce documentaire, publié dans la collection True crime, est une nouvelle réussite. Anaïs Renevier, à qui l’on doit déjà le très bon L'Affaire Alice Crimmins, revient avec ce récit très circonstancié. La journaliste dresse un portrait saisissant de l’enquête, des multiples protagonistes, des errances du FBI et du Bureau des Affaires Indiennes – entre laxisme, délai insupportable pour lancer une enquête officielle et perte des preuves – ainsi que des rebondissements. Le final, où il est question d’un aigle susceptible de fournir un signe qui se veut à la fois encourageant et dramatique, est marquant, mais c’est davantage le cadre global de l’investigation et les nombreuses questions sociétales soulevées tant par l’affaire que par l’auteure qui retiennent l’attention, braquant les projecteurs sur des lésions béantes. Il y est question de la criminalité endémique dans les réserves indiennes, du taux de violence qui y règne, de la quantité effroyable de disparitions de femmes en ces territoires pourtant nationaux et du sort plus général des Natifs. Quelques statistiques épouvantables : « Au moins 90 % des femmes amérindiennes ont été victimes de violence dans leur vie. Une femme native disparaît toutes les huit heures aux Etats-Unis ». Autre donnée révoltante : « Quand on est une femme amérindienne, on a statistiquement plus de probabilités d’être violée ou tuée que d’aller à l’université ». Anaïs Renevier ne se contente pas d’être la comptable de ces relevés criminalistiques : elle les exploite, les surligne, crée des connexions avec l’Histoire du pays et livre ce tableau saisissant. Il faudra d’ailleurs d’autres disparitions inquiétantes (Henny, Kaysera et Selena) pour que les lignes bougent enfin et que le problème – doux euphémisme – soit enfin porté à la connaissance du public comme des politiques.
Un ouvrage fort et engagé, féministe en diable et d’une redoutable efficacité, qui surprend, effraie et lance l’alerte.