Projet Iceworm

(The Dark that Doesn't Sleep)

  1. Du feu sous la glace

    Novembre 1967, dans une base militaire souterraine du Groenland. Un terrible incendie survient, tuant deux soldats et brûlant grièvement au visage un troisième. Parce qu’il faut éclaircir la situation, la CIA demande au psychiatre new-yorkais Jack Miller d’interroger le survivant. Mais la vérité s’avèrera bien plus tortueuse et étonnante.

    Simon Mockler signe ici un thriller de haute volée. Dès les premiers chapitres, l’auteur montre l’étendue de son talent : des personnages ciselés, des dialogues au cordeau, un rythme cadencé et une ambiance immédiatement addictive. Le lecteur est aussitôt happé par l’atmosphère lourde et paranoïaque, le contexte de guerre froide, ce froid mutilant que le rescapé a apporté avec lui depuis le cercle arctique. Rapidement, des questions se posent : que s’est-il passé ? N’est-ce qu’un banal accident ? Un échauffement des esprits en un lieu rarement atteint par la lumière du jour ? Le résultat d’une expérimentation qui a mal tourné ? Jack Miller va repérer des incohérences, des zones d’ombre, des fractions de témoignage émanant de Connor Murphy trop faciles, et ce qu’il va découvrir en surprendra plus d’un. Simon Mockler, se fondant sur un authentique programme top secret mené par l’armée américaine, a tissé une intrigue particulièrement solide et prenante, avec de nombreux rebondissements à la clef, où certains détails observés par le protagoniste seront analysés avec brio. D’ailleurs, Jack Milelr constitue un personnage très intéressant : vétéran de la Seconde Guerre mondiale profondément meurtri par l’expérience du lance-flamme, il a perdu sa femme Miyoko au cours d’un tragique accident de la route dont il s’estime encore responsable. L’histoire se boucle avec intelligence, avec une dernière expédition au Groenland où Jack pourrait accéder à une forme de rédemption intime afin de, comme il y est écrit, pouvoir « tourner le volant à temps ».

    Un roman original et réussi, sans le moindre temps mort, dessinant au passage le portrait particulièrement saisissant et mémorable d’un psychopathe aussi tordu que redoutable.

    /5