Seuls en enfer

  1. Mémoire sélective

    Pélagie a été enlevée par un inconnu portant un masque de Mickey. Angst tente de retrouver la mémoire grâce à ses séances chez un psychiatre. Arturo livre des pizzas. Trois personnages dont les destinées vont se croiser et s’entrechoquer au gré de ces fragments de souvenirs qui, une fois réunis, livreront les motivations du kidnappeur.

    Auteur réputé pour la jeunesse, Hubert Ben Kemoun signe ici un nouvel opus fort et prenant. Il est quasiment impossible d’en dire plus quant au scénario sans risquer d’en dévoiler des éléments importants, et c’est d’ailleurs l’une des grandes lignes de force de l’ouvrage : il manipule littéralement. Un peu à la manière de Thierry Jonquet dans Mygale, avec certes une noirceur moindre, Hubert Ben Kemoun a élaboré une intrigue remarquable, constituée de faux-semblants parmi lesquelles le lecteur pensera détenir la vérité avant que les cartes ne soient rebattues. Seuls les plus chevronnés parviendront à comprendre le fin mot de l’histoire avant la fin. Par ailleurs, la plume de l’écrivain est saisissante de talent : les personnages sont croqués avec brio, leurs existences respectives remarquablement mises en scène, et la concision de cet ouvrage renforce cette efficacité.

    On passe donc un excellent moment, à s’interroger quant à l’identité du ravisseur, à tenter d’en concevoir le mobile, et à essayer d’ordonner le chaos de ces vies apparemment sans le moindre lien. Un sacré tour de force de la part de Hubert Ben Kemoun, qui parvient à élever ce roman nerveux et angoissant à la portée des jeunes et des adultes.

    /5