Comme tous les jours au lever du couvre-feu, la fourgonnette de la gendarmerie était partie ramasser les cadavres abandonnés au coin des rues. Le commissaire DiGiorgio savait bien que, à faire du zèle, il aurait pu vite rejoindre les chers disparus de la fourgonnette : la Gestapo, la Milice, la Résistance, il y avait beaucoup de monde qui aurait pu prendre ombrage. Alors, sélectionner les enquêtes à ouvrir, celles à ne pas ouvrir, celles à faire semblant d’ouvrir, était question de vie ou de mort.
Parmi la récolte de ce matin-là, il y avait cette femme, si menue qu’on aurait presque dit une enfant, abattue d’une balle dans le dos, avec un petit calibre. « Ya de ces salauds ! » pensa DiGiorgio. À l’époque dont je parle, il y en avait beaucoup des salauds, mais le commissaire trouvait que celui-ci avait dépassé les bornes. Ça lui donnait envie d’y regarder de plus près.
Mais on n’avait aucun indice. Cependant, ramassé à l’autre bout de la ville, il y avait un maigrichon binoclard, pas le genre à dégainer plus vite que son ombre, lui aussi tiré dans le dos, et avec ce même petit calibre d’amateur. Y aurait-il un lien entre ces deux meurtres ? En enquêtant sur l’un, aboutirait-on on à l’autre ?
« Roger », le grand monsieur avec son grand manteau, celui que tout le monde avait, vu mais dont personne ne savait rien, pourrait peut-être apporter quelque lumière, mais où le trouver ? Et d’abord, était-il ami ou ennemi ?
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Soumis le 27/12/2023 par LeJugeW