Les Furieuses

  1. 21 septembre 1807 : le corps d’une femme vient d’être découvert dans une étrange posture. Elle est vêtue d’une très élégante robe noire de soirée, et des papillons se trouvent dans la pièce ainsi que collés à son habit. L’inspecteur Candelet – contrairement à ce qui est indiqué sur le résumé officiel de l’ouvrage – est contraint d’accepter la présence de l’aliéniste Dalvers à ses côtés pour mener l’enquête. L’investigation mènera le médecin en Espagne à la recherche d’un tueur en série obsédé par une femme bien particulière, jusqu’à tomber entre les griffes d’une redoutable guerrière que l’on surnomme « la Reine sorcière ».

    Armand Cabasson signe ici un polar historique très intéressant. Se déroulant lors du Premier Empire, l’auteur restitue avec beaucoup de brio les mœurs de l’époque, le Paris grouillant de misère, les tensions diplomatiques entre la France et l’Espagne, les enjeux géopolitiques, et propose une reconstitution particulièrement sauvage et authentique du soulèvement du Dos de Mayo. Le pitch est alléchant, le rythme endiablé, et le récit assez court (un peu moins de trois cents pages) n’offre aucun temps mort. On éprouve de la sympathie pour cet aliéniste aux méthodes anticonformistes, cherchant à libérer la parole de ses patients plutôt que de les traiter de façon brutale et archaïque, et son savoir est tel que l’Empereur lui demandera même de soigner Joséphine de Beauharnais. La partie se déroulant de l’autre côté des Pyrénées s’avèrera épique, d’une rare violence, la grande Histoire se mêlant à celle du livre, avec force escarmouches, embuscades et batailles, avec quelques éléments faisant penser à la plume de Serge Brussolo. En revanche, on regrette que le volet purement policier soit en demi-teinte : il y a un habile rebondissement quant à l’identité du prédateur, mais sa personnalité n’est guère creusée, son mobile est plutôt artificiel, et les qualités professionnelles de Dalvers ne sont pas beaucoup mises en lumière lors de la traque.

    Un roman qui mêle aventures et intrigue policière : malgré quelques poncifs, l’ensemble est haletant et compose une lecture indéniablement effrénée.

    /5