Pays de sang : Une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis

(Bloodbath Nation)

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  • 8/10 L’actualité montre malheureusement encore une fois que la culture américaine pour les armes à feu est aussi fascinante que glaçante. Paul Auster, immense et talentueux auteur, essaie de manière totalement personnelle et subjective d’expliquer les causes.

    Auteur engagé mais surtout victime indirecte, Paul Auster ne propose pas un livre scientifique ou sociologique sur ce fléau. Il propose sa modeste réflexion par des statistiques et son histoire personnelle en alertant sur les conséquences sociétales de ces drames. Il développe une approche historique via les colons fondateurs du pays, l’esclavage, l’extermination des peuples indiens, des Black Panthers aux élus du néolibéralisme. Il compare ce drame aux accidents de la circulation pour lesquels les pouvoirs politiques ont su apporter des mesures coercitives, contrairement aux drames liés aux armes à feu.

    Ce petit texte est agrémenté de photos froides de quelques lieux de fusillades, dont le grain en noir et blanc et l’absence de présence humaine soulignent de manière encore plus dramatiques les discours de l’auteur.

    Une fois n’est pas coutume, en guise de conclusion, je copie un paragraphe qui met en lumière les propos de Paul Auster : « Ce pays, né dans la violence, est aussi né avec un passé, cent quatre-vingts ans de préhistoire vécue dans un état de guerre perpétuelle avec les habitants des terres que nous nous sommes appropriées et de perpétuels actes d’oppression envers notre minorité asservie – les deux péchés qui nous ont suivis à travers la Révolution, sans que nous ne nous soyons rachetés depuis. Que cela nous plaise ou non, et indépendamment de tout le bien qu’a pu accomplir l’Amérique au cours de son existence, nous restons accablés par la honte attachée à ces péchés, ces crimes contre les principes en lesquels nous affichons notre foi. Les Allemands ont reconnu la barbarie et l’inhumanité du régime nazi, mais les Américains continuent de hisser les drapeaux confédérés partout dans le Sud et ailleurs, et commémorent la Cause Perdue par des centaines de statues à la gloire des généraux et hommes politiques traîtres qui ont mis l’Union en pièces et changé les Etats-Unis en deux pays. L’argument avancé pour ne pas démanteler ces monuments est qu’ils font partie de notre histoire. Imaginez un paysage allemand encombré de drapeaux nazis et de statues d’Adolf Hitler. « Regardez cette croix gammée, dit fièrement le citoyen allemand au touriste américain effaré. Elle fait partie de notre histoire ! » Il y a à Berlin un musée consacré aux victimes de l’Holocauste. A Washington, point de musée consacré aux victimes de l’esclavage. Pour éviter d’être soupçonné d’exagération en faisant ce parallèle, je me permets de souligner que la politique raciale menée par Hitler était directement inspirée des lois américaines sur la ségrégation et du mouvement eugéniste américain. Il suffit de les mélanger pour obtenir les lois de Nuremberg et un archipel de camps de la mort s’étendant de l’Allemagne jusqu’à la Pologne et qui conduisirent à l’extermination de millions de personnes. »

    27/10/2023 à 10:47 JohnSteed (555 votes, 7.7/10 de moyenne) 2