" Grâce au mortier de la mémoire les ombres des morts élevaient les pierres les unes sur les autres, et les décombres redevenaient des maisons. "
Dans la campagne grecque autour de la ville de Ioannina les villages se meurent. Des deux-cent-cinquante habitants que comptait celui où survivent le Père et son fils Christoforos, il n'en reste que douze. Tous se savent condamnés, tôt ou tard, par la Maladie qui s'est infiltrée dans l'eau, dans les sols, la nourriture, dans le corps même de Christoforos avant sa naissance. Pourtant, quand le gouvernement ferme la dernière ligne de bus pour les forcer à rejoindre la ville, le Père et une poignée de villageois résistent et s'accrochent à leur terre, qu'on leur a détruite et qui demeure malgré tout leur seule attache.
À travers le récit de cette vie sans attente, de cet horizon barré qui empêche tout espoir, l'auteur distille une réflexion sur l'impact environnemental, la responsabilité des gouvernements, la désertification des campagnes. Dans cette dystopie mélancolique située dans un futur si proche qu'on se croirait dans le présent, les personnages semblent s'adresser à nous non pas depuis le futur mais depuis un temps arrêté, à la fois étrangement familier et glaçant. Pourtant, au cœur du texte rayonne un amour filial et inconditionnel, la tendresse et la confiance mutuelle d'un père et de son fils seuls au monde.
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Soumis le 02/10/2023 par Norbert