Cargo sobre

Partir... Et échapper, « le temps d'une rêverie atlantique, à mon sort de civilisé ». Tel est l'un des enjeux de ce journal de voyage rédigé au cours d'une traversée sur un porte-conteneurs d'une compagnie maritime de fret entre Fos-sur-Mer et le port industriel de New York, Port Elizabeth. Une retraite intime émaillée des souvenirs de rencontres avec de nombreux écrivains et poètes, et éclaboussée par les chocs visuels et sensuels provoqués par les éléments naturels... Ce premier jour sur l'Atlantique se déroule sous un ciel pesant, bientôt purée de pois compacte, enveloppant le navire dans l'ouate, tandis que s'élève la plainte des cornes de brume, répercutée très loin, comme si brouillard et océan multipliaient l'écho. Les couloirs invisibles des filaments blanchâtres au ras des flots diffusent le son au gré des méandres d'une matière aérienne d'une densité opaque. Qu'un signal aussi primitif soit encore en usage me rassure. Océan degré zéro, sans Tweet, sans portable, sans le moindre réseau social; notre masse doit faire du bruit pour éviter la collision. Vérité élémentaire sur des eaux uniformément mates, dépourvues du moindre éclat marin, désert de fer terni. C'est ce que nous sommes venus chercher sans doute, passagers dont le luxe - la nourriture rappelle la cantine de l'école communale, et quant à la boisson... - est de perdre du temps. De perdre le temps?...

Non polar

Il ne semble pas encore y avoir de sujet sur cet ouvrage sur le forum... Cliquez ici pour en créer un !

Soumis le 13/07/2023 par LeJugeW

Proposer des corrections

Mots-clés

Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez aussi...

Aucune suggestion pour l'instant.