Urbex mortel

  1. Un spectre dans la maison

    De nuit, un groupe d’adolescents pénètre dans une maison où, vingt ans plus tôt, la famille Dramont a été assassinée par un psychopathe sanguinaire qui n’a jamais été capturé. La demeure est-elle pour autant inhabitée ? Non, car y rôde le spectre de Gwendoline, membre de la famille massacrée, ainsi qu’un mystérieux inconnu qui ne voit pas d’un bon œil l’intrusion de ces gosses, au point de vouloir les tuer les uns après les autres. Vous incarnez Gwendoline et devez faire de votre mieux pour protéger les ados en très grand danger.

    Cet ouvrage de Betty Piccioli illustre parfaitement le concept de livre-jeu, avec des choix imposés à la fin de chaque chapitre – principalement des lieux vers lesquels se diriger – qui offrent ainsi une véritable arborescence dans l’ouvrage. En soi, l’idée n’est pas nouvelle mais elle est bien maîtrisée par l’écrivaine qui se distingue par le ton inhabituel de cet opus : il est sanglant. Sans pour autant ouvrir à fond le robinet de l’hémoglobine, Betty Piccioli n’hésite pas à laisser le prédateur anéantir les membres de l’expédition avec beaucoup de violence, et le lectorat doit savoir que les coups de couteau et autres têtes tranchées figurent dans ces pages. Dans le même temps, l’auteure fait habilement « revivre » Gwendoline au cours de cette traque très tendue, au suspense lourd et à l’ambiance anxiogène, avec de belles réflexions quant à l’existence, la rédemption et l’amitié. Il est cependant un peu dommage que les choix proposés au lecteur soient si peu nombreux, ne portant pas sur la réflexion face à une situation mais uniquement sur des alternatives peu convaincantes car finissant systématiquement sur des réussites, la seule différence étant le nombre d’ados sauvés.

    Un bon livre-jeu qui se différencie davantage par son ton violent et mature que par les directions scénaristiques offertes, guère déterminantes.

    /5