Le poète se lève tôt. Chaque matin, à Ropraz où il habite face aux montagnes, le voit s'abandonner à l'exercice qui consiste à rassembler sa pensée en peu de mots : « Ainsi j'apprends à être rien / A l'heure matinale où commencent à jaillir des cris d'oiseaux. » Ce magnifique recueil tend vers la blancheur de la neige, métaphore de l'effacement de l'auteur, qui flotte entre le dedans et le dehors, la prose et la poésie, la sensation et le souvenir, le vacarme et le silence.
Autant qu'une métaphysique de la blancheur, ses poèmes font entendre le bruit prosaïque du quotidien : un chat qui passe, des bols qu'on lave au matin, le cimetière de Ropraz, ce lieu tant de fois revisité, « la terre des porcs et des filles / montre les dents ». C'est aussi à l'aube que la pensée des morts hante ce vivant qu'obsède la chair : il jette alors ses poèmes à la face des disparus, les inconnus qu'il croise et ceux qui lui furent le plus proches, comme sa mère, « et toujours de ne pas t'aimer assez la plaie vive ».
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Soumis le 01/05/2023 par El Marco