"Incarnata est musica" : la phrase est de Mozart, en marge de ses carnets. Mozart, que jalousait Antonio Salieri tout comme le narrateur du récit de Jacques Chessex jalouse le grand Ramuz (1878-1947). L'un fréquente la lumière de la création, l'autre l'ombre et l'amertume. L'un travaille, l'autre se dissipe.Jacques Chessex imagine ici, en phrases souples, un duel entre un maître écrasant et son témoin rebelle : "Ai-je rêvé un sort parallèle au mien, qui fût à la fois le mien et celui de la personne que j'aurai dû être."Ce récit grave et transparent est une réflexion sur les pouvoirs de la littérature. C'est aussi une allégorie de toute chair. On y assiste au triomphe et à la dérision de la vanité. On y rencontre une femme aimée malgré sa laideur, Ariane D.,"une vraie sorcière de Goya" mais à l'âme si pure, qu'elle fascine jusqu'à la mort. Tout Chessex est là : dans le vertige entre l'énergie de la beauté, la volupté et le renoncement.
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Soumis le 01/05/2023 par El Marco