1948. Le sous-lieutenant Polmo – abréviation de Paul Maurice – embarque depuis Marseille pour gagner l’Indochine. Entre les appétits déçus de gloire, la confrontation avec l’ennemi, les camaraderies ambiguës avec les autres soldats, Polmo perdra bien des espérances. Et ce jusqu’en 2109 !
Premier ouvrage de Pierre Hanot à paraître chez Baleine, ce roman se présente de prime abord de manière classique. L’environnement local hostile, les échauffourées avec l’adversaire, les amours désenchantées, etc. La langue de l’écrivain, acide et travaillée, sert une immersion pour le moins violente dans le conflit indochinois. Rédemption, chaos psychologique, lente perdition identitaire et autres sentiments brûlants se croisent, se mêlent, se télescopent, jusqu’à moudre les personnages.
Et à la page 89, vient la claque que l’on n’attendait pas : 2109. Polmo a été tué, soumis à la cryogénie puis ressuscité. Nouveaux temps, nouvelles mœurs. Les batailles ont toujours lieu, mais les ennemis ont changé, encore plus retors et insaisissables qu’auparavant. Par cette pirouette scénaristique particulièrement surprenante, Pierre Hanot trouve un second souffle à son récit, et le porte bien loin de ce que laissait augurer le résumé de la quatrième de couverture. On retrouve alors des protagonistes encore plus ravagés que dans la première partie, laminés par les conflits, et surtout retournés à un état d’une rare primitivité. Ennemis d’eux-mêmes, d’une certaine forme d’autorité, devenus des loups les uns pour les autres. Les diverses pièces du puzzle s’alignent lentement pour laisser présager un bain de sang. Il manque d’ailleurs par moments une sorte de fil directeur, de ligne rouge pour parfaitement assembler certains épisodes, une sorte de colonne vertébrale littéraire. Puis viennent les ultimes pages du livre. La claque finale. Celle qui prend de court autant qu’elle s’enfonce dans les tripes. Quelques petits paragraphes qui obligent à réfléchir à l’ensemble de l’opus, à le visionner mentalement avec un esprit neuf, voire à repenser son propre positionnement de lecteur.
Assurément, Aux armes défuntes fait partie de ces ouvrages quasiment inclassables, quelque part entre le journal de guerre, le roman noir, le récit de science-fiction déjanté et l’exercice de style littéraire, et ce serait pour le moins évident de dire qu’il ne plaira pas à tout le monde. Pierre Hanot a signé une œuvre exigeante, bien loin de celles qui se laissent apprivoiser sereinement. C’est audacieux, troublant, parfois gênant. Une composition qui marque durablement les esprits à défaut de vouloir les séduire.
1948. Le sous-lieutenant Polmo – abréviation de Paul Maurice – embarque depuis Marseille pour gagner l’Indochine. Entre les appétits déçus de gloire, la confrontation avec l’ennemi, les camaraderies ambiguës avec les autres soldats, Polmo perdra bien des espérances. Et ce jusqu’en 2109 !
Premier ouvrage de Pierre Hanot à paraître chez Baleine, ce roman se présente de prime abord de manière classique. L’environnement local hostile, les échauffourées avec l’adversaire, les amours désenchantées, etc. La langue de l’écrivain, acide et travaillée, sert une immersion pour le moins violente dans le conflit indochinois. Rédemption, chaos psychologique, lente perdition identitaire et autres sentiments brûlants se croisent, se mêlent, se télescopent, jusqu’à moudre les personnages.
Et à la page 89, vient la claque que l’on n’attendait pas : 2109. Polmo a été tué, soumis à la cryogénie puis ressuscité. Nouveaux temps, nouvelles mœurs. Les batailles ont toujours lieu, mais les ennemis ont changé, encore plus retors et insaisissables qu’auparavant. Par cette pirouette scénaristique particulièrement surprenante, Pierre Hanot trouve un second souffle à son récit, et le porte bien loin de ce que laissait augurer le résumé de la quatrième de couverture. On retrouve alors des protagonistes encore plus ravagés que dans la première partie, laminés par les conflits, et surtout retournés à un état d’une rare primitivité. Ennemis d’eux-mêmes, d’une certaine forme d’autorité, devenus des loups les uns pour les autres. Les diverses pièces du puzzle s’alignent lentement pour laisser présager un bain de sang. Il manque d’ailleurs par moments une sorte de fil directeur, de ligne rouge pour parfaitement assembler certains épisodes, une sorte de colonne vertébrale littéraire. Puis viennent les ultimes pages du livre. La claque finale. Celle qui prend de court autant qu’elle s’enfonce dans les tripes. Quelques petits paragraphes qui obligent à réfléchir à l’ensemble de l’opus, à le visionner mentalement avec un esprit neuf, voire à repenser son propre positionnement de lecteur.
Assurément, Aux armes défuntes fait partie de ces ouvrages quasiment inclassables, quelque part entre le journal de guerre, le roman noir, le récit de science-fiction déjanté et l’exercice de style littéraire, et ce serait pour le moins évident de dire qu’il ne plaira pas à tout le monde. Pierre Hanot a signé une œuvre exigeante, bien loin de celles qui se laissent apprivoiser sereinement. C’est audacieux, troublant, parfois gênant. Une composition qui marque durablement les esprits à défaut de vouloir les séduire.