La Disgrâce des noyés

  1. Un homme, simple, mais à l’existence tumultueuse. Amours désenchantées, morts violentes, drogues… Au fil de ce livre, il se raconte, se livre.

    De prime abord, ce roman d’Yvan Robin peut sembler ultra classique, voire anodin. Le scénario apparaît mince, et l’objet ne compte que cent-trente pages, qui plus est très aérées. Alors, cette Disgrâce des noyés est-elle un ouvrage insipide ? Oh que non. Pour son premier roman, Yvan Robin a choisi de privilégier la forme au fond. Un chapitre par page, avec un titre lui-même court. Et surtout, surtout, une prose remarquable. Les mots sont poétiques, les phrases finement ciselées. Les formules lyriques et colorées se succèdent, voire s’emboîtent à merveille, et l’on prend très souvent plaisir à relire bien des passages tant ils sont savoureux.
    Parallèlement à cette qualité narrative, le propos est en soi parfois un peu maigre. La déchéance d’un être, ses actes sanglants, la drogue, et ses amours, jalonnant son parcours chaotique, comme autant de rédemptions. Inutile de le redire, on navigue davantage dans la ballade noire que dans le polar pur. Mais, au final, cette minceur scénaristique n’handicape pas le récit.

    Cet opus d’Yvan Robin, c’est en quelque sorte une voix : tour à tour chaleureuse, envoûtante, vénéneuse, voire venimeuse. Avec son propre vocable, en lisant une simple ordonnance, elle pourrait nous ensorceler. Tirer des larmes à un escabeau. Remuer les tripes d’une salière. Et le plus incroyable, c’est qu’on est déjà impatient de lire les prochains écrits d’Yvan Robin.

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