L'Assassin est un fantôme

  1. Les mystères de Saint-Ancel

    Alors qu’il s’apprête à passer ses vacances dans la Creuse, l’inspecteur Eusèbe Mignard est obligé de rejoindre la bourgade de Saint-Ancel où l’on vient de retrouver le corps d’un vagabond, massacré. Il emporte dans ses bagages son neveu, Nestor, un gamin espiègle. Sur place, la population est marquée par les rumeurs ; en 1347, alors que la peste ravageait les alentours, le sieur de Fonjac a été tué avec ses deux fils parce qu’il aurait commercé avec le Diable et ainsi protégé sa vie et celles de ses enfants. Pourquoi, de nos jours, retrouve-t-on près du cadavre ce symbole ancien d’une hache et d’un glaive enchâssés ? Un spectre surgi du Moyen Âge serait-il le meurtrier ?

    En jouant sur les thèmes de la malédiction, des peurs ancestrales et du spectre incontrôlé, François Charles scelle un roman, pour jeunes lecteurs, efficace et prenant. Assez lapidaire, sans descriptions inutiles ni chapitres superflus, l’auteur plonge rapidement son lectorat dans une ambiance angoissante, où règnent terreurs irraisonnées et paranoïa croissante. Les divers personnages sont bien rendus, sans pour autant faire l’objet de profondes explorations humaines, et composent une galerie où se dissimulent autant de suspects potentiels. L’intrigue réinterprète un thème classique développé en littérature comme au cinéma – un esprit vengeur issu du passé venu terroriser les contemporains, avec cependant une maîtrise indéniable. Les lecteurs plus affirmés reconnaîtront sans mal les influences croisées d’Agatha Christie dans certaines scènes ainsi que dans sa résolution, ou encore de Paul Halter ou John Dickson Carr pour l’énigme d’un homicide en chambre close. L’ensemble est très agréable, riche en rebondissements, et rares seront ceux qui pourront deviner le dénouement du récit.

    L’Assassin est un fantôme constitue donc un bon roman policier, entraînant et bien mené. François Charles sait assurément inventer des intrigues et les mener à leur conclusion avec talent. Même si le sujet central et son interprétation sont parfois attendus, ce livre est intéressant à plus d’un titre, dont l’un, et non le moindre, est de proposer quelques heures d’une lecture distrayante et enthousiasmante.

    /5