Les ombres aussi ont peur du noir

  1. Les mystères de l’aile ouest

    Mathis Chamberland n’est plus. Une sortie en wingsuit l’a envoyé se fracasser sur une falaise à plus de deux-cents kilomètres-heure. Depuis quelque temps, il avait repéré des phénomènes étranges au sein du château qu’occupe sa famille, des faits inquiétants et proches du surnaturel. Mais Mathis réapparaît. Vivant. Tout bonnement impossible. Est-ce un miracle ou une énigme de plus au sein de la famille Chamberland ?

    On connaît fort bien l’œuvre de Philip Le Roy, et on a beaucoup apprécié ses livres pour adultes (Pour adultes seulement, La Dernière Arme, La Dernière Frontière), mais aussi pour les jeunes et les adolescents (la série consacrée à la Brigade des fous, 1, 2, 3, nous irons au bois, ou encore Des Voisins trop secrets). C’est justement vers ce lectorat que revient l’écrivain avec ce titre sombre et intrigant, où les menaces et les moments d’angoisse sont légion. Des bruits sinistres dans l’immense maison, un passé familial sur lequel règne le secret et le silence, Mathis qui ressort indemne d’un accident qui aurait dû le transformer en purée sanglante, des apparitions fantomatiques… Indéniablement, Philip Le Roy maîtrise les codes des films d’horreur (de nombreuses références viennent confirmer cette évidence) autant que ceux des romans de Stephen King, le tout au gré de chapitres très courts, d’un style travaillé et de dialogues secs et particulièrement drôles. Le lecteur est ainsi emporté vers un pur royaume de peur et d’appréhension où Mathis et sa copine Hedy seront confrontés à de terribles épreuves. Mais là où le bât blesse, c’est justement au niveau de cette surabondance des sujets traités et des histoires enchevêtrées : spectres, manipulations familiales, origines dissimulées, expérimentations nazies, monstre lové dans la demeure, etc. Cette profusion de récits – individuellement réussis quoique déjà vus ou lus – en devient parfois embarrassante, au point de nuire à la crédibilité de l’ensemble autant qu’à sa lisibilité, comme si l’auteur avait voulu condenser en un seul ouvrage ce qui aurait amplement pu tenir dans trois ou quatre livres distincts.

    Un bon roman de plus de la part de Philip Le Roy, qui séduit par les ambiances qu’il tisse avec maestria, même si on peut lui reprocher ce débordement d’histoires autant que leur juxtaposition assez déconcertante.

    /5