In vino veritas

  1. Nuit d’orage

    A Cestas, Aurélie, galeriste, est assassinée lors du vernissage d’une exposition consacrée à l’art aborigène. De nombreuses personnes présentes pour l’événement deviennent dès lors suspectes, mais seulement l’une d’entre elles attire l’attention de enquêteurs, en la personne de Mathias, son compagnon et par ailleurs gendarme. Mais la vérité est peut-être plus complexe.

    Magali Collet et Isabelle Villain avaient déjà croisé leurs plumes à l’occasion de la nouvelle Des Cendres en héritage, et l’on ne pouvait qu’être intrigué par ce roman écrit à quatre mains : doux euphémisme que de dire qu’il est réussi. Concis, immédiatement prenant, l’ouvrage séduit dès les premières pages. La plume, sobre et minimaliste, n’empêche nullement un beau déploiement d’émotions contradictoires, de sentiments équivoques, de psychologies habilement dépeintes. La multiplicité des suspects potentiels rend le récit d’autant plus efficace, avec de multiples fausses pistes, de mensonges, de vérités à moitié avouées. Jugez plutôt : un accident qui a brisé une famille, le frère de Mathias – Augustin – revenu d’Argentine, un adultère entre gendarmes, une escroquerie de nature picturale, des violences conjugales inattendues, une vengeance entre deux familles dans le domaine viticole, etc. Un bel éventail d’indices, de chemins boueux et autres vilénies typiquement humaines, brillamment exploité par Magali Collet et Isabelle Villain qui nous régalent du premier au dernier chapitre, ce dernier venant apporter l’éclairage tant attendu sur la vérité et qui, même s’il est légèrement fragilisé par une crédibilité friable, n’en demeure pas moins stupéfiant d’intelligence.

    Un livre d’une très belle tenue, à la fois riche, dense et plausible, qui mérite amplement que l’on braque les projecteurs médiatiques sur lui tant il est réussi. On le verrait bien faire l’objet d’une adaptation pour un très bon téléfilm.

    /5