Crim' au Cap

  1. Lors d’un débat télévisé, un homme politique écologiste poignarde son contradicteur et le tue. C’est à Garri Gasiglia que revient à nouveau la tâche de résoudre cette affaire, car l’assassin prétend ne pas avoir le moindre souvenir de son acte. Pour le détective privé, ça va être le début d’une enquête tumultueuse, dépassant le simple cadre de l’homicide. Car il va être question d’un équilibre mondial sur le point d’être bouleversé.

    Ce nouvel opus des enquêtes de Garri Gasiglia, après Crim' sur la Prom', Crim' sous le tram' et Crim' sur la Côte, synthétise à nouveau tout ce que le lecteur apprécie dans la plume de Bernard Deloupy : personnages nombreux et colorés, paysages décrits avec amour, intrigue complexe et bonne humeur assurée. Comme dans les précédents ouvrages, Bernard Deloupy fait montre d’une audace extraordinaire : en suivant le fil rouge de l’intrigue policière, évoquer des sujets très sensibles – ici, la surpopulation mondiale, tout en usant d’un humour de bon aloi. Il était à craindre que la gaudriole ne gâche le thème, comme parfois la forme d’un récit le handicape, voire le sape ; grâce à un savant jeu d’écriture et une parfaite maîtrise de l’architecture de son œuvre, Bernard Deloupy parvient à ériger de manière synchrone ces deux murs porteurs que sont la facétie et le drame, avec, pourrait-on dire, l’auteur comme garant de la solidité de la clef de voûte.
    Dans son précédent ouvrage, Crim' sur la Côte, Bernard Deloupy exploitait déjà un chapitre grave. Dans Crim’ au Cap, il est encore plus dramatique, et les divers protagonistes qui interviennent sur les plans politiques, déontologiques et scientifiques, illustrent bien l’habileté de l’écrivain : il a étudié son sujet, le connait parfaitement, et use des connaissances en la matière pour le rendre parfaitement intelligible et accessible. Certains passages, par leur crudité, donnent même froid dans le dos. Parallèlement, c’est toujours un réel plaisir de retrouver Garri Gasiglia, le plus célèbre des détectives privés niçois, amoureux des femmes, de la bonne chère et de sa région. Il aura d’ailleurs besoin de tout son flegme pour lutter contre ses adversaires du moment : mafieux, politiciens, scientifiques…

    N’importe quel lecteur peut avouer avec sincérité que certaines séries littéraires finissent par tourner en rond, s’essouffler, s’épuiser. Ce quatrième roman des aventures de Garri Gasiglia est probablement le plus abouti : la richesse comique de l’auteur en vient presque à souligner, comme dans un clair-obscur, l’aspect dramatique du propos évoqué. Assurément, un coup de maître.

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