Milieu Hostile

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  • 9/10 Dessaignes, ayant roulé sa bosse dans les milieux interlopes des ONG et de l’espionnage, coule des jours plus ou moins paisibles à Sébastopol. Mais un de ses anciens camarades lui demande de l’aide : la syphilis semble revenir en force en Ukraine. Et le voilà qui replonge dans les cercles troubles des services secrets et autres fauteurs de troubles…

    Après Renegade Boxing Club, Thierry Marignac remet son personnage fétiche au cœur d’une nouvelle aventure. Ici, le trait est noir, et l’écriture singulière. La plume de l’auteur est très travaillée, aussi poétique et courroucée que les paysages de l’Europe de l’est qu’elle décrit. Certains passages sont d’un lyrisme ténébreux, au point d’en devenir envoûtants. Des laboratoires pharmaceutiques aux appétits fétides en passant par les anciens apparatchiks, des barbouzes désargentés prêts à tout pour obtenir leur part du gâteau aux trafiquants à la veste réversible, Thierry Marignac croque avec désenchantement de sombres univers en proie à l’anomie. Son héros en sortira cabossé, usé jusqu’aux os, et définitivement privé de ses derniers fragments d’innocence, s’il lui en restait encore.
    Il est d’ailleurs bien difficile de résumer l’intrigue de cet ouvrage, tant les manipulations, faux-semblants et trahisons sont pléthoriques. Sur ce canevas inquiétant de positions de force entre les partis, l’auteur a bâti une histoire sordide, machiavélique, dédaléenne. Certains passages pourront sembler à certains lecteurs trop éloignés de l’intrigue principale, voire penser que cette dernière aurait pu être plus compacte, avec une colonne vertébrale littéraire plus marquée, mais cela n’est visiblement pas le but de Thierry Marignac : il offre à son public un paysage humain ravagé par de vils enjeux.

    Exigeant, ce livre l’est à plus d’un titre. Rédigé avec maestria, sans la moindre concession, c’est un alcool fort que l’on ingurgite cul sec, avec la certitude de sentir les tripes brûler. Peu d’ouvrages disposent de cette maléfique puissance d’évocation, et celui-ci ne se donnera certainement pas au premier venu, sans revendiquer en retour une belle gueule de bois ainsi qu’un estomac dévasté. Et c’est tout à son honneur.

    25/09/2012 à 18:50 El Marco (3180 votes, 7.2/10 de moyenne)

  • 8/10 Avec une écriture d'un bel enveloppé travaillé, Marignac nous emmène dans la poisseuse et violente Ukraine aux carrefours des trafics. Une histoire qui met du temps à poser ses jalons, mais la patience vaut infiniment le détour pour un texte composé avec art.

    01/04/2012 à 11:07 xavier (853 votes, 7.8/10 de moyenne)