Céline TANGUY écrit en marchant, me dit-on. Pourtant, elle renouvelle la tradition : si la méthode est ancienne, la production est très originale. Elle n’a rien à voir ni avec les méditations rationnelles socratiques ni avec le bucolisme complaisamment introverti de Jean-Jacques.Ici, tout n’est qu’enfermement concentrique : une île et sa communauté villageoise, isolée, hors du temps, une maison moribonde, la conscience de l’anti-héros minée par les béquilles thérapeutiques ordinaires tout autant que par la souffrance du souvenir qu’elles sont supposées combattre. La raison lutte mais bascule, car les cercles successifs que trace l’horreur la forclosent progressivement. Le maléfice est dans les têtes.
Céline TANGUY tisse savamment les tentacules de la culpabilité déniée, engendrée par l’acte initial inadmissible d’un enfant jaloux avec celles, multiples et variées, du mauvais sort auquel se soumet un clan d’insulaires malveillants, pour en définitive, en faire une arme.
On ne comprend pas tout, mais qu’importe : le résultat est terrifiant. La vengeance s’autoféconde et l’esprit dérive dans les eaux au vert très foncé du délire.
E. Desprez
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Soumis le 29/06/2022 par El Marco