Comme une image

  1. On lui donnerait le bon Dieu sans confession, et pourtant…

    Eulalie – que l’on surnomme Lalie – est une gamine de neuf ans, bientôt dix. Belle, intelligente, elle est particulièrement douée du point de vue scolaire. Elle semble en plus avoir toutes les qualités humaines du monde. En apparence… Parce qu’en réalité, Lalie cache particulièrement bien son jeu. Il se pourrait même que sa psychopathie fasse des ravages…

    Avec ce court roman, Magali Collet frappe fort. Très fort. Dès les premiers instants, on est intrigué par cet enfant visiblement bien sous tous rapports mais qui dissimule une âme et un cerveau bien tordus. Elle harcèle ses petits camarades d’école et les rabaisse constamment en prenant toujours garde de ne jamais se faire coincer par la maîtresse. Elle multiplie les doubles discours et profite des absences des uns et des autres pour semer le doute voire le chaos dans l’esprit de ses proches. N’est-elle qu’une simple peste ? Non. Certains passages, que l’on ne fera qu’évoquer pour conserver leur puissance d’impact, surprendront et choqueront certains lecteurs par leur aspect abrupt, inattendu, monstrueux, sans pour autant que l’écrivaine ne tombe dans le voyeurisme sale ni l’excès. Il faut dire que cette môme a suffisamment de monde à ses côtés pour s’adonner à sa froide démence : des chatons, deux frères, une belle-mère, etc. Et ces protagonistes vont graduellement comprendre qu’on donnerait volontiers le bon Dieu sans confession à cette gamine, mais qu’en retour, c’est bien le Diable qu’elle invoque et convoque dans le quotidien des membres de sa famille. Magali Collet a bâti son récit avec intelligence, tact et machiavélisme, donnant à voir un personnage mémorable qui ne tombe jamais dans les clichés du genre. Et que dire du final… Une idée pourtant toute simple, presque élémentaire, comme un éclair de malveillance qui clôt définitivement ce récit sur cette note espiègle… et vipérine.

    L’auteure nous offre un ouvrage singulièrement sombre et rusé, nous prenant littéralement au collet de son scénario diabolique et de son indéniable talent de conteuse. Un régal de noirceur.

    /5