Si on se bornait à résumer cette brève histoire, elle ne pourrait apparaître que comme l'évocation d'un univers bouché, d'où on ne peut s'évader que par le suicide. Comme tant d'enfants du monde bernanosien, Mouchette se jette sans prudence dans le risque.
On ne nous dit pas ce qui la pousse au départ, si elle fuit l'école si étrangère, la maison étouffante, ou si elle obéit à une vague attente, une inconsciente quête du Paradis. Elle s'en va, tout simplement, par un soir de brume, erre dans les bois trempés, rencontre un vagabond...
D'un bout à l'autre du récit, Bernanos parle de Mouchette avec une telle tendresse qu'il est impossible de ne pas deviner à chaque minute, penché sur l'enfant abandonnée, un regard de compassion totale, absolument semblable au regard des prêtres bernanosiens; ce regard, c'est celui du romancier, qui est présent à ce drame comme un personnage invisible.
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Soumis le 01/05/2022 par El Marco