Trente jours d'obscurité

(Tredive dages mørke)

  1. D’encre et de sang

    Hannah Krause-Bendix, quadragénaire, est une écrivaine danoise qui n’a jamais réussi à percer. Son œuvre se veut exigeante et elle ne supporte pas ses confrères qui vendent des centaines de milliers d’exemplaires. Lors d’un salon littéraire, elle se prend le bec avec Jørn Jensen, vedette du polar, et le défi tombe rapidement : qu’Hannah soit capable d’écrire un ouvrage policier en trente jours. Direction l’Islande, un voyage programmé par son éditeur, Bastian, où elle va loger chez Ella. Un drame survient rapidement : Thor, le neveu de la logeuse, est retrouvé noyé. Accident ? Suicide ? Meurtre, peut-être ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que le séjour d’Hannah ne va pas être de tout repos.

    Ce roman de Jenny Lund Madsen séduit rapidement par sa plume alerte. Hannah est un personnage pour lequel on nourrit immédiatement de la sympathie, elle qui a un léger penchant pour la boisson sans pour autant être alcoolique, se débat avec une carrière pour laquelle elle nourrit une solide fierté alors que ses lecteurs sont très peu nombreux, et qui se cherche encore du point de vue amoureux. Les trente jours en Islande devaient être intéressants et opportuns pour relever le challenge de cette écriture empressée d’un livre, mais elle va être confrontée au décès de ce jeune Thor. La suite des événements sera assez mouvementée, avec des rencontres tonitruantes, des suspects multiples, et de sordides secrets de famille qui ressurgiront en fin d’ouvrage. Indéniablement, Jenny Lund Madsen sait mener un récit, et l’humour qu’elle y instille est salvateur, dans les dialogues comme dans les situations – les passages entre Hannah et Jørn sont parfois tordants. Dans le même temps, l’auteure nous gratifie de jolies réflexions et analyses quant à la littérature, selon qu’elle se veut sérieuse voire élitiste ou plus populaire et distrayante. L’intrigue présente quelques éléments attendus mais sa résolution, à défaut d’être très originale, n’en demeure pas moins crédible et efficace.

    Un roman policier de belle tenue, très divertissant et enjoué, où l’écrivaine nous ravit davantage par son style et sa décontraction que par son intrigue – somme toute assez classique mais solide.

    /5