Maman les p'tits bateaux

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  • 9/10 Pour son douzième anniversaire, Marie-Bénédicte reçoit un ordinateur pour cadeau, ses parents espérant que ça la sortira de sa léthargie. Ses premiers mots tapés au clavier : « Père Noël, pour Noël, cette année, je te commande la mort de mon oncle Laurent. » Pourquoi ? Le 16 mai 2018 – une date que Marie-Bénédicte choisit comme mot de passe – son oncle l’a violée. Surnom du frère de sa mère : Tildou. Alors les mots – et les maux – se mettent à couler sur l’écran à mesure que l’ado nous raconte l’atrocité de son calvaire.
    « Je suis en prison. Dans mon corps. Dans ma tête ». Des propos aussi forts que la tragédie vécue par la protagoniste. Des phrases hachées, faisant écho au puissant trauma. Des polices d’écriture variées, changeantes, chaotiques. Un ton dur, écho à la violence de la situation. Marie-Bénédicte se fait raser les cheveux, sombre dans le mutisme, s’isole, se sent avilie, presque fautive de ce qui lui est arrivé, se laisse aller du point de vue scolaire, se demande si elle ne deviendrait pas coupable à son tour en dénonçant son bourreau d’oncle. L’ordinateur devient confesseur, le lecteur également à mesure que ses pensées s’y inscrivent. Un roman à la fois simple et fort (fort parce que simple, simple parce qu’il était inutile de vouloir faire plus fort). Un ouvrage d’une éclatante crédibilité, juste et plein de tact, qui me marquera probablement longtemps. Merci à madame Claire Mazard d’avoir traité ce sujet épineux avec tant d’intelligence et de talent.

    21/07/2022 à 08:41 El Marco (3240 votes, 7.2/10 de moyenne) 1