Kline, un détective privé ayant perdu la main après avoir croisé la route d'un dangereux psychopathe, est approché pour une mission bien particulière : infiltrer une société secrète constituée de mutilés volontaires. Cette horde possède des règles très étranges, où la classification des séides se fait en fonction du nombre d'ablations. Assez rapidement, Kline se rend compte que son contrat ne va pas être simple à honorer. Sera-t-il capable de braver l'indicible, tant physique que psychologique, pour parvenir à ses fins ? Sans le savoir, au rythme des bouts de corps que l'on découpe comme de la simple viande, il bascule dans un univers dont il ne reviendra pas indemne.
La confrérie des mutilés est un roman à la puissance narrative peu commune. D'entrée de jeu, en à peine quelques pages, le lecteur sombre dans un microcosme humain inouï, composé d'individus qui se plaisent à s'amputer pour gagner en autorité sur leurs semblables, ce qui génère des scènes détonantes où l'on oscille entre horreur et absurde. Brian Evenson est parvenu à créer un monde littéraire inédit, à la fois tragiquement plausible et déshumanisé, où la valeur d'un homme se réduit aux portions de son propre corps dont il a bien voulu se délester à l'arme blanche. Le ton employé, à la fois épuré et riche en références artistiques et religieuses, est singulier, et ne manquera pas de dérouter certains lecteurs. Des scènes d'automutilation, même si elles sont souvent lapidaires, risqueront de gêner la sensibilité des âmes sensibles.
Néanmoins, si l'on parvient à s'extraire de cette retenue, il faut reconnaître à l'auteur des talents peu communs. L'intrigue est particulièrement originale, et son déroulement réserve de nombreux rebondissements et autres surprises machiavéliques. Le poids des mots choisis, la concision du récit et la palette de protagonistes, retors et inquiétants, suffisent à bâtir un roman d'une rare force de percussion. Il y a des flots d'hémoglobine, de morts violentes, parfois en surabondance, jusqu'au vertige littéraire, mais sous le verbe brutal de Brian Evenson se tapissent des réflexions très profondes sur le corps humain, le rapport à autrui, la rédemption, ainsi que des notions particulièrement éloquentes quant à la religion. Tel un démiurge, Brian Evenson a édifié une société ahurissante, instaurée selon des codes nouveaux, et faite d'êtres qui ne manqueront pas de marquer l'esprit du lecteur.
A coup sûr, La confrérie des mutilés constitue un roman sensationnel, sans le moindre équivalent. Peut-être sera-t-il aux yeux de certains trop violent, voyeur ou outrancier, mais il ne peut susciter l'indifférence, ce qui est probablement la marque de ces livres dont on parle longtemps après. En somme, c'est au lecteur... de trancher.
Kline, un détective privé ayant perdu la main après avoir croisé la route d'un dangereux psychopathe, est approché pour une mission bien particulière : infiltrer une société secrète constituée de mutilés volontaires. Cette horde possède des règles très étranges, où la classification des séides se fait en fonction du nombre d'ablations. Assez rapidement, Kline se rend compte que son contrat ne va pas être simple à honorer. Sera-t-il capable de braver l'indicible, tant physique que psychologique, pour parvenir à ses fins ? Sans le savoir, au rythme des bouts de corps que l'on découpe comme de la simple viande, il bascule dans un univers dont il ne reviendra pas indemne.
La confrérie des mutilés est un roman à la puissance narrative peu commune. D'entrée de jeu, en à peine quelques pages, le lecteur sombre dans un microcosme humain inouï, composé d'individus qui se plaisent à s'amputer pour gagner en autorité sur leurs semblables, ce qui génère des scènes détonantes où l'on oscille entre horreur et absurde. Brian Evenson est parvenu à créer un monde littéraire inédit, à la fois tragiquement plausible et déshumanisé, où la valeur d'un homme se réduit aux portions de son propre corps dont il a bien voulu se délester à l'arme blanche. Le ton employé, à la fois épuré et riche en références artistiques et religieuses, est singulier, et ne manquera pas de dérouter certains lecteurs. Des scènes d'automutilation, même si elles sont souvent lapidaires, risqueront de gêner la sensibilité des âmes sensibles.
Néanmoins, si l'on parvient à s'extraire de cette retenue, il faut reconnaître à l'auteur des talents peu communs. L'intrigue est particulièrement originale, et son déroulement réserve de nombreux rebondissements et autres surprises machiavéliques. Le poids des mots choisis, la concision du récit et la palette de protagonistes, retors et inquiétants, suffisent à bâtir un roman d'une rare force de percussion. Il y a des flots d'hémoglobine, de morts violentes, parfois en surabondance, jusqu'au vertige littéraire, mais sous le verbe brutal de Brian Evenson se tapissent des réflexions très profondes sur le corps humain, le rapport à autrui, la rédemption, ainsi que des notions particulièrement éloquentes quant à la religion. Tel un démiurge, Brian Evenson a édifié une société ahurissante, instaurée selon des codes nouveaux, et faite d'êtres qui ne manqueront pas de marquer l'esprit du lecteur.
A coup sûr, La confrérie des mutilés constitue un roman sensationnel, sans le moindre équivalent. Peut-être sera-t-il aux yeux de certains trop violent, voyeur ou outrancier, mais il ne peut susciter l'indifférence, ce qui est probablement la marque de ces livres dont on parle longtemps après. En somme, c'est au lecteur... de trancher.