Inconnu 89

Homme inconnu n°89 (Unknown Man No. 89)

  1. Jack Ryan a tiré le mauvais numéro

    Jack Ryan, la trentaine, est devenu huissier pour les tribunaux de Détroit, où il se contente, la plupart du temps, de remettre la main sur les bonnes personnes pour leur transmettre des documents légaux. Cette fois-ci, pour le compte d’un dénommé monsieur Perez et l’entremise d’une connaissance, Jay Walt, il doit dénicher un dénommé Robert Leary Jr, dit « Bobby Lear ». Mais quand Jack retrouve Leary, c’est à la morgue, avec à l’orteil une étiquette indiquant « Inconnu 89 ». Il ne le sait pas encore, mais notre huissier vient de mettre les pieds dans un sacré nid de serpents.

    Second opus de la série consacrée à Jack Ryan après Cinglés, cet Inconnu 89 reparaît chez Rivages dans une nouvelle traduction intégrale, après avoir été préalablement édité à la Série Noire. On retrouve avec bonheur la langue et le style, tous deux uniques, d’Elmore Leonard : une intrigue serrée, de l’humour, et des dialogues qui font aussi souvent mouche qu’un sniper à la fête foraine. De prime abord assez classique, l’auteur, entre autres, de 3 heures 10 pour Yuma, Zigzag Movie et Punch créole, nous sert une histoire qui va vite se révéler bien plus complexe. Il y a Jack, mais également Denise, la veuve de Leary, Perez et Raymond, son bras armé, ainsi que Virgil, toujours prompt à jouer des armes, et Dick Speed, policier et ami de Jack. Le scénario va tourner autour de ces mystérieuses actions que Jack doit transmettre à Leary et, le cas échéant, à sa veuve, mais cela ne va pas se faire sans heurts ni morts. Elmore Leonard sait faire alterner avec maestria les moments hilarants (notamment lors de réparties particulièrement savoureuses), les instants plus durs (cf. le passage de Jack à la morgue), voire émouvants (quand notre héros repique à la bouteille). Même si certains moments sont un peu plus relâchés (comme l’escapade floridienne), l’ensemble ne présente guère de temps morts, et l’ensemble se dévore plus qu’il ne se lit.

    Encore un très bon roman de la part de cet auteur exceptionnel, dont on ne saurait se lasser de la bibliographie, étoffée et hétéroclite.

    /5