Lola n'a jamais eu de chance dans la vie. Elle vit dans une des tours qui composent une cité anonyme. Son copain, Papier, la ravitaille régulièrement en drogue. Mais le jour où Papier décède en voulant échapper au Grécos, lui aussi dealer, elle tombe sous la coupe de ce dernier. Cela pourrait marquer le début d'une nouvelle existence, d'esclavage ou de liberté. Mais Lola, la junkie, l'objet sexuel, a bien d'autres desseins, que ce soit dans son quotidien blafard ou dans les états seconds auxquels elle accède par les produits qu'elle s'envoie dans le nez ou les veines : elle se rêve en reine des barbares, majesté des hordes peuplant les bas-fonds de l'humanité. Et pour peu qu'on lui en laisse les moyens, elle ne demande pas mieux que d'accéder à ce trône...
Second roman de Margot D. Marguerite après La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l'avoir refait, Lola reine des barbares se pose dès les premières pages comme un livre choc. Le Grécos, potentat local, choisit de violer la jeune femme puis d'offrir ce corps à ses acolytes pour se venger des impairs de Papier. Le ton est donné : il sera noir. Sur environ cent pages, le lecteur est invité à côtoyer Lola dans son équipée dans le monde. Il y découvrira un univers mêlant la glace et le feu, l'inhumanité et la violence la plus abrupte. Une terrible description d'un monde anomique, où le petit peuple de la nuit percute celui des apparences. Margot D. Marguerite emploie un langage particulièrement acide et brutal pour brosser le portrait des protagonistes, ce que des lecteurs lui reprocheront sûrement : certains passages, notamment liés à des sévices sexuels, sont décrits par le détail. Néanmoins, au-delà de cette provocation purement verbale se niche un réel amour de l'auteur pour ses créatures littéraires : de suppliciés, elles brisent lentement leur nature pour devenir des tortionnaires, apportant un vent de sauvagerie dans le récit. C'est toute la cruauté dont elles ont été les victimes qui se libère au fil des pages. Aucun jugement de la part de Margot D. Marguerite : il dépeint, comme un naturaliste, les comportements des personnages qu'il a créés.
Cependant, il est dommage que le roman en reste à l'état de très court récit. On aurait aimé suivre une plus longue errance de la part de Lola car, si sa personnalité et son destin sont atypiques, comme un oiseau plongeant d'un point haut, elle n'a pas suffisamment le temps, en une centaine de pages rappelons-le, de véritablement déployer les ailes de sa fureur. Son statut de victime est clairement établi, mais celui qui pouvait constituer le contrepoint de sa déchéance et, paradoxalement, de son changement, à savoir sa métamorphose en harpie vengeresse, n'est qu'esquissé, ce qui laisse au lecteur un goût d'inachevé. Quand arrive la fin du récit, on regrette presque qu'il n'ait pas compté une cinquantaine de pages supplémentaires, pour bien illustrer la modification de la personnalité de la jeune femme. Il s'agit très certainement d'un choix assumé de la part de l'auteur, mais cette décision rend le final presque bancal, car incomplet, comme une démonstration qui resterait fragmentaire.
Au même titre que d'autres romans de la série Baleine Noire (Hécatombe de Nada par exemple), ce livre ne fait nullement dans la dentelle et se montre exigeant, dans la forme comme dans le fond. Un écrit incisif, brutal, aussi torturé que les personnages qu'il présente. Une histoire qui ne peut laisser indifférent.
Lola n'a jamais eu de chance dans la vie. Elle vit dans une des tours qui composent une cité anonyme. Son copain, Papier, la ravitaille régulièrement en drogue. Mais le jour où Papier décède en voulant échapper au Grécos, lui aussi dealer, elle tombe sous la coupe de ce dernier. Cela pourrait marquer le début d'une nouvelle existence, d'esclavage ou de liberté. Mais Lola, la junkie, l'objet sexuel, a bien d'autres desseins, que ce soit dans son quotidien blafard ou dans les états seconds auxquels elle accède par les produits qu'elle s'envoie dans le nez ou les veines : elle se rêve en reine des barbares, majesté des hordes peuplant les bas-fonds de l'humanité. Et pour peu qu'on lui en laisse les moyens, elle ne demande pas mieux que d'accéder à ce trône...
Second roman de Margot D. Marguerite après La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l'avoir refait, Lola reine des barbares se pose dès les premières pages comme un livre choc. Le Grécos, potentat local, choisit de violer la jeune femme puis d'offrir ce corps à ses acolytes pour se venger des impairs de Papier. Le ton est donné : il sera noir. Sur environ cent pages, le lecteur est invité à côtoyer Lola dans son équipée dans le monde. Il y découvrira un univers mêlant la glace et le feu, l'inhumanité et la violence la plus abrupte. Une terrible description d'un monde anomique, où le petit peuple de la nuit percute celui des apparences. Margot D. Marguerite emploie un langage particulièrement acide et brutal pour brosser le portrait des protagonistes, ce que des lecteurs lui reprocheront sûrement : certains passages, notamment liés à des sévices sexuels, sont décrits par le détail. Néanmoins, au-delà de cette provocation purement verbale se niche un réel amour de l'auteur pour ses créatures littéraires : de suppliciés, elles brisent lentement leur nature pour devenir des tortionnaires, apportant un vent de sauvagerie dans le récit. C'est toute la cruauté dont elles ont été les victimes qui se libère au fil des pages. Aucun jugement de la part de Margot D. Marguerite : il dépeint, comme un naturaliste, les comportements des personnages qu'il a créés.
Cependant, il est dommage que le roman en reste à l'état de très court récit. On aurait aimé suivre une plus longue errance de la part de Lola car, si sa personnalité et son destin sont atypiques, comme un oiseau plongeant d'un point haut, elle n'a pas suffisamment le temps, en une centaine de pages rappelons-le, de véritablement déployer les ailes de sa fureur. Son statut de victime est clairement établi, mais celui qui pouvait constituer le contrepoint de sa déchéance et, paradoxalement, de son changement, à savoir sa métamorphose en harpie vengeresse, n'est qu'esquissé, ce qui laisse au lecteur un goût d'inachevé. Quand arrive la fin du récit, on regrette presque qu'il n'ait pas compté une cinquantaine de pages supplémentaires, pour bien illustrer la modification de la personnalité de la jeune femme. Il s'agit très certainement d'un choix assumé de la part de l'auteur, mais cette décision rend le final presque bancal, car incomplet, comme une démonstration qui resterait fragmentaire.
Au même titre que d'autres romans de la série Baleine Noire (Hécatombe de Nada par exemple), ce livre ne fait nullement dans la dentelle et se montre exigeant, dans la forme comme dans le fond. Un écrit incisif, brutal, aussi torturé que les personnages qu'il présente. Une histoire qui ne peut laisser indifférent.