Horn

Si je fermais les yeux, à cet instant, je le verrais, au cœur de cette nuit chaude et venteuse de juillet, debout dans la buanderie, passant avec soin ses mains sous l’eau froide, s’attardant sur ses doigts, sur leurs jointures écorchées. Si je fermais les yeux, je le verrais, dans cette pénombre confuse, mâchoire serrée sur une douleur qu’à onze ans je pressens mêlée d’une fureur sans égale, tandis que sur l’émail blanc de l’évier coule un peu de sang, quelques filaments et volutes rougeâtres qui disparaissent à mesure dans la bonde. Oui, je le verrais, défiant mon regard tendre et désemparé, plongeant ses yeux – dont j’écrirais un jour qu’ils avaient la couleur d’un bronze florentin, la patine d’or sous le bleu carnassier –, ses yeux de père dans les miens, son seul fils, paraissant y chercher ce qui ne s’y trouverait que des années plus tard.

Non polar

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Soumis le 08/01/2022 par El Marco

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