Foin d'envolées théoriques. C'est bien plutôt dans son action fulgurante, par la pratique, si on ose dire, que le pédophile est étudié dans ce roman. C'est d'ailleurs fait avec une mæstria hautement perturbante. Notre sociopathe profond se déploie pour nous, sans malices ni artifices. On domine et comprend intimement le lot gesticulant de ses petites maniaqueries proprettes. On domine et comprend intimement sa sourde misanthropie. On domine et comprend intimement son adultophobie implacable. On comprend, on finit presque par partager sa frustration insondable et sa colère cuisante, pourtours inévitables de son programme radicalement négateur, amoral et nihiliste. C'est une des vertus de la fiction que de pouvoir entériner le monde des monstres.L'amour suave et délétère de cette narco-crapule semi-psychotique de Buczko pour les petites filles nous est instillé, drogue d'entre les drogues, presque avec du sublime dans la voix. La destruction de la victime prend place en nous lumineusement, en rythme, par petits bonds nerveux.Le propos de cet ouvrage n'est absolument pas moraliste. Sa cruauté est absolue, hautement dérangeante, répugnante, révoltante, comme gratuite. Et pourtant (car il y aura un et pourtant...) notre pédo-toxico se retrouve avec une terrible clef anglaise jetée par le sort, dans le moteur bourdonnant de sa mécanique criminelle tellement rodée.C'est une jeune femme qui écrit. Loana Hoarau en est à son deuxième roman. Tributaire des mêmes hantises que le premier, celui-ci est beaucoup plus assumé, plus solide, plus achevé. Un scotome s'imprime.
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Soumis le 08/01/2022 par El Marco