Le carré des papillons

  1. À « Monsieur Jo Larive, dit la Pancarte »

    Dans les années 1950, un terrible drame secoue le village de Saint-Saulve, situé dans le département du Nord : une fillette est tuée et son corps jeté dans un puits. À l'époque, Jacques Larive, alors enfant, suit la détresse des villageois et leur colère qui les poussera d'ailleurs à lyncher un simple suspect. Il faudra une lettre, une simple lettre, reçue par Larive devenu commissaire de police des décennies plus tard, pour comprendre toute l'histoire.

    Après Une bombe sur la Grand-Place, Guy Goutierre signe son second roman policier chez l'éditeur Ravet-Anceau. Ce qui frappe d'entrée de jeu dans ce récit poignant, c'est sa structure : la première moitié décrit au travers des yeux de Jacques Larive la disparition puis la découverte du corps de la victime, la seconde est une missive apportant l'ultime éclairage quant aux tenants et aboutissants de l'affaire. Ce choix narratif est très ingénieux, en plus d'être singulier, et offre de bien belles pages de pure émotion, puisque Jacques Larive offre un témoignage particulièrement poignant. Guy Goutierre a une plume élégante et touchante, permettant de décrire avec une rare humanité une large palette de sentiments. De cette narration à la première personne, on bascule ensuite dans un exposé des faits formulé par un autre personnage. C'est de cet entrelacs de points de vue que jaillira la vérité, à la fois douloureuse et inattendue. À cet égard, peut-être pourra-t-on regretter qu'il était impossible de deviner le cœur de l'histoire et qu'elle soit révélée de cette manière, mais le talent de Guy Goutierre et la construction atypique de l'intrigue compensent sans mal cette faiblesse, bien subjective.

    Au final, on passe un très agréable moment grâce à ce roman, riche en rebondissements, et surtout déchirant. Une réussite littéraire qui doit tout autant à son aspect policier qu'à la crédibilité de ses protagonistes.

    /5