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9/10 Sans le commentaire précédent, jamais je ne me serais lancée dans un roman de cet acabit. Dois je te remercier, Athan ?
A presque 40 ans, je n'ai pas peur de dire que cette période de l'Histoire me terrifie autant qu'elle déchaine en moi ce sentiment du nécessaire devoir de mémoire. Je m'étais approchée du sujet des camps de concentration via l'excellent "Enclave" de Philippe Carrese et le non moins spectaculaire "Le liseur" de Bernhard Schlink. La liste de Schindler, à la rigueur, et point final. Voici donc que me tombe dans les mains ce magicien d'Auschwitz, au titre évocateur.
J'avais récemment été percutée par la fascination des nazis pour l'occultisme, les croyances des mythes de l'Atlantide et la puissance des superstitions dans le dernier roman de Granger (Les Promises) et j'ai découvert ici un nouveau volet, fort documenté, de ce pan de l'Histoire allemande. On apprend beaucoup de choses de la bouche du protagoniste principal, Herbert Levin, donc, magicien de métier et Juif de naissance. La première partie décrit dans une relative insouciance la période d'occupation de la République Tchèque par les Allemands d'un coté et le front russe de l'autre, via les yeux de Fransisco et Juanito, deux légionnaires espagnol et portugais, engagés dans la Division Bleue pour combattre aux côtés de l'Allemagne. L'étau se ressert dans la deuxième partie lorsque Levin, sa femme et son fils sont déportés dans le ghetto juif de Theresienstadt, et on approche de la réalité cinglante des camps de concentration dans la 3e partie, où l'auteur n'épargnera pas grand chose à son lecteur (pas même le soulagement de la fin, puisqu'il y a une suite !).
J'ai été à la fois happée et horrifiée par ce roman historique (on sait bien comment ça se termine), lu rapidement dans un espèce d'état d'envoutement étrange, j'en tiens pour responsable la plume de JR Dos Santos , (que je découvre). La riche documentation (jamais lourde) alterne avec la fiction teintée de réel, on suit même une romance entre Franscisco et Tanusha, Tchèque déportée à Auschwitz. Et oui, une histoire d'amour. Bouleversante.
Ce livre est une perle à bien des égards, je me garderai de la recommander tant le sujet confine à l'émotion, au malaise, à l'horreur, mais pour qui veut se lancer dans ce chapitre de l'histoire d'une bien triste période de notre humanité, il faut assurément lire ce puissant Magicien d'Auschwitz.01/04/2022 à 21:39 clemence (339 votes, 7.7/10 de moyenne) 5
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8/10 JR Dos Santos, après un magistral diptyque sur la vie méconnue et passionnante de Kalouste Gulbenkian, nous embarque comme spectateur d'autres vies dont les histoires s'intègrent dans la grande Histoire.
On va suivre de près la vie d'un magicien juif - Herbert Levin, dit Levini - au temps de la toute puissance des nazis régnant en maître sur l'Europe de l'ouest au début de la 2nde guerre mondiale. Et en parallèle, celle d'un soldat portugais enrôlé dans l'armée nazi par le jeu des hasards amoureux.
A chaque ligne de la première partie, on se demande non pas si mais quand Nivelli va se faire démasquer en tant que juif. On le sent, on le sait, on doute, on se sécurise, on souffle, on s'arrête, on respire, on s'inquiète de nouveau... C'est une remarquable mise en abyme de ce que les juifs ont dû vivre pendant des années (et continuent à vivre dans encore de trop nombreux endroits du monde).
Comme souvent dans ses livres, JR Dos Santos nous inonde d'informations en provenance de ses recherches, parfois de manieres assez lourdes avec les mêmes mécanismes que ceux savamment appliqués dans sa saga Norohna : un héros qui sait tout, et attend les relances de son interlocuteur ébloui par tant de connaissances dans tous les domaines, même ceux parfois très éloignés du sien. Et un autre très benet qui ne se rend compte de rien des horreurs que lui-même vit pourtant au plus près.
Mais comme toujours, ça passe très bien !
On apprend des choses.
Il met encore ici parfaitement en pratique sa fameuse maxime : "la fiction est plus puissante que le journalisme pour raconter la vérité."
J'ai donc beaucoup appris sur les rapports (de folie !) qu'entretenaient les nazis avec la magie, l'occultisme ou encore leurs délires de descendance avec les Atlantes, forcément ancêtres des aryiens puisque rien ne prouve le contraire. On est dans une jolie forme de complotisme à l'ancienne, qui sert leurs propres intérêts sordides.
Le récit se partage en 2 lieux, mais un seul temps : l'un avec la famille Levin, l'autre avec un soldat portugais sur le champ de bataille et dans les camps de concentration en fin de seconde guerre mondiale.
Les 2 histoires sont d'une force rare. On vit les atrocités de toute part.
Je n'ai jamais lu de livre de guerre et j'ai ressenti ce que chacun devait probablement vivre selon le côté d'où il était placé. Puissants "témoignages".
Auschwitz, Birkenau, les camps dans leur horreur crue, mais, comme on vit avec la famille Levin (mari, femme et 1 enfant), à la limite de "La vie est belle" quand le père rassure comme il le peut les siens. Jusqu'au moment des illusions perdues, les explications de pourquoi il n'y a pas eu de révoltes possibles, l'organisation interne... Horreurs illisibles, qu'on veut lire pour ne surtout pas oublier. Le temps qui passe, c'est la vérité qui s'enfuit. La lecture de ce genre de récit permet de ralentir cet oubli qui finira par arriver car ainsi est faite la nature humaine.
J'entame la suite car oui, la "mauvaise" (car on sait que ça va être encore pire) surprise après 400 pages, c'est que c'est aussi un diptyque.
Un 8/10 dans mon échelle de goût pour ce premier tome. Et je précise une fois encore que ce n'est pas une note que je donne comme un prof à mes lectures, donc à leur auteur, mais bien un positionnement dans ma bibliothèque personnelle ! Car un récit comme celui-là doit être lu, enseigné, partagé, rappelé, quelle que soit la manière de l'écrire et ne mérite donc aucun jugement sur sa qualité intrinsèque, propre à chaque lecteur selon ses connaissances, croyances et avis sur l'Histoire.01/11/2021 à 11:02 athanagor (292 votes, 7.8/10 de moyenne) 6