Le Cadavre du Palais-Royal

  1. Complots à la cour

    26 septembre 1789. La Révolution française ne porte pas encore ce nom mais les premières convulsions sont apparues dans la société : le peuple hurle de faim et de misère, Louis XVI atermoie encore pour trouver la solution la plus adaptée, et de sourdes machinations naissent à la tête de l’Etat. C’est alors que réapparaît le commissaire Nicolas Le Floch, demandé par son collègue et ami Pierre Bourdeau. L’affaire qui préoccupe ce dernier est loin d’être légère : un assassinat avec un corps au visage martyrisé et l’enlèvement d’une femme. Dans cette ambiance de soufre, Le Floch va vite se rendre compte que cette histoire va le mener vers un complot visant directement le roi.

    Né sous la plume talentueuse de feu Jean-François Parot, l’enquêteur Nicolas Le Floch a ressuscité en 2021 grâce à Laurent Joffrin avec cet ouvrage. Rapidement, le style séduit : l’auteur s’est solidement documenté sur cette période trouble, en équilibre précaire entre chaos généralisé, répression forcenée et fièvre passagère. D’ailleurs, les passages relatant l’Histoire – nécessairement écrite avec une lettre majuscule – sont remarquables de crédibilité, ne tombant jamais dans les poncifs idéologiques ni dans la superficialité. Au-delà de cette peinture saisissante, Laurent Joffrin a noué une énigme solide, retorse à souhait, s’ouvrant sur de multiples tiroirs allant de la politique à la sociologie, et ce qui n’aurait pu être qu’une simple investigation de droit commun bascule promptement sur une cabale fort plausible. D’ailleurs, l’un des personnages a, sur le final, des mots qui synthétisent parfaitement cette affaire : « Bref, nous avons volé d’erreur en erreur jusqu’au succès final. » Nicolas Le Floch ne manquera ni de courage ni de sagacité au gré de ces quelque trois-cents pages, avec des moments marquants – comme le combat sur la machine de Marly – et rencontrera des personnages criants de vérité comme Danton, Choderlos de Laclos, Mirabeau, Robespierre, La Fayette, ou encore Louis XVI et Marie-Antoinette.

    Laurent Joffrin exauce les vœux des fans de Jean-François Parot en faisant renaître son limier emblématique avec un talent d’historien et de conteur qui force l’admiration.

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