En dépit du tonnerre

(In Spite of Thunder)

  1. Nouveau meurtre improbable... dix-sept ans plus tard

    En 1939, dans le Nid d'Aigle d'Hitler, l'actrice Eve Eden voit son fiancé basculer par-dessus le parapet du balcon où tous les deux se trouvaient. Lassée par les rumeurs la disant l'auteure de ce drame, elle réunit près de Genève ceux qui étaient présents ce jour-là. Mais une autre mort, semblable à la précédente, va venir semer le trouble dans les esprits. Il faudra au Docteur Fell tout son flegme pour élucider ce nouvel accident... qui pourrait bien être un assassinat.

    Devenu le maître du meurtre en chambre close, John Dickson Carr signait en 1960 cet épisode des enquêtes du Docteur Fell, ici traduit par Stéphane Bourgoin. On retrouve avec plaisir les ambiances mystérieuses et glauques que dépeint si bien l'écrivain, les divers personnages constituant autant de suspects potentiels, ainsi que l'éléphantesque Docteur Fell, toujours aussi placide et au génial esprit de déduction. Le livre est court (environ deux-cent-cinquante pages), et l'écriture est très agréable à lire. Cependant, ce livre se distingue de manière assez nette des autres puisque le meurtre en milieu fermé ne constitue pas le point d'orgue de l'énigme. En effet, à la manière d'Agatha Christie, on découvre en fait un assez pâle whodunit où les éléments apparaissent progressivement sans pour autant provoquer la fièvre d'autres romans majeurs de John Dickson Carr comme Trois cercueils se refermeront ou La chambre ardente. D'ailleurs, le lecteur cherchera par exemple avec avidité dans les pages un plan des balcons où ont eu lieu les deux drames... en vain.

    En dépit du tonnerre est certes un agréable roman à énigme, mais il dépitera certainement les aficionados de John Dickson Carr qui ne retrouveront pas l'étincelle de génie de ses autres romans. Reste un livre plaisant et assez ingénieux, mais qui ne laissera probablement aucun souvenir durable.

    /5