Faut toutes les buter !

Paul Monopol

  1. Du rififi chez les malfrats

    Paul Monopol est un brigand qui a décidé de monter un cambriolage. L'objectif : une cabane sur l'aéroport d'Orly contenant de l'argent en transit. Mais ce genre de mauvais coup ne se fait pas aisément : il y a toujours des malfaisants pour mettre des bâtons dans les roues, des policiers trop curieux, des appétits que ça éveille. Et si en plus une jeune femme vient tourner la tête du chef de la bande, assurément, les ennuis vont devenir légion...

    Écrit par François Brigneau, ce roman noir est particulièrement typique de son époque. Tout est écrit en argot, ce qui donne des descriptions et des dialogues souvent savoureux, comme auraient pu en signer Michel Audiard ou Frédéric Dard. Par ailleurs, tous les éléments de la recette sont présents : les truands aux bourre-pifs spontanés, les protagonistes au verbe haut et au cuir épais, les entourloupes et les amitiés. D'ailleurs, si le fil de l'énigme s'effiloche parfois dans des apartés peu nécessaires ou des épisodes d'importance secondaire, il faut reconnaître à François Brigneau un talent indéniable de conteur : une sacrée tchatche, une pure gouaille de titi parisien qui aurait presque pu être adaptée en noir et blanc par Georges Lautner. Ici, l'écrivain a restitué des ambiances, les relations humaines, les atermoiements et doutes de ses personnages. Ce n'est pas exactement le récit d'un cambriolage, plutôt celui d'une bande de gangsters hauts en couleur qui préparent et commettent un cambriolage.

    Réédité au sein de la collection Baleine noire, Faut toutes les buter ! a récemment déclenché une très vive polémique car l'auteur, François Brigneau, a un passé d'extrémiste de droite. Ici, nous nous interdisons d'entrer dans la controverse puisque c'est l'auteur et ses idées politiques qui sont visées, pas ce livre. Ce dernier est très agréable à lire, permettant au lecteur un changement radical de registre et de ton par rapport à ce qui est proposé à notre époque. C'est une peinture du Paname canaille, tantôt goguenard tantôt touchant, dont les ultimes pages sont féroces et surprenantes.

    /5