Sweethearts Club

(Sweet gum)

  1. Quand la traque du « Charcutier » s'en va en eau de boudin

    Eugene Burnside est devenu à 28 ans une valeur sûre de la Firme. Simple dealer, puis revendeur, les frères Faron souhaitent maintenant lui donner l'avancement qu'il mérite. Côté personnel Eugene est moins épanoui. Il vit toujours chez sa mère avec sa sœur Simone, et doit supporter Néron, l'enfant de cette dernière, qui est une vraie terreur.
    Une danseuse travaillant dans le même club que Simone disparaît, puis ce sont d'autres strip-teaseuses que l'on retrouve sauvagement assassinées dans le Nord de Londres. Eugene n'aime pas l'idée qu'on puisse s'en prendre à de belles jeunes femmes sans défense et va mener l'enquête pour retrouver le « Charcutier ».

    On ne peut pas dire que Jo-Ann Goodwin fasse tout pour éviter les clichés. A Londres, un serial killer se défoule sur des strip-teaseuses, à tel point que la presse le surnomme « le Charcutier ». Bien sûr, il ne laisse aucune trace derrière lui et personne ne sait qui pourrait s'attaquer à ces jeunes filles, qui n'ont entre elles aucun autre lien apparent que leur profession.
    L'intrigue – qui sent le réchauffé – a grand-peine à intéresser le lecteur : elle n'avance quasiment pas et, plus pénible encore, souffre de répétitions maladroites. En effet, l'auteur n'hésite pas à refaire le point sur les éléments déjà donnés, ce qui ralentit considérablement la lecture et ennuiera vraisemblablement plus d'un lecteur.
    Si le rythme s'accélère bien sur la fin, il y a peu de surprises dans les derniers chapitres et le dénouement est à l'image du reste, décevant.
    Le casting, à l'inverse du scénario est plutôt réussi. Le personnage principal, Eugene, bien qu'assez caricatural, est intéressant dans ses contradictions, décrites avec humour par Jo-Ann Goodwin – ce dur à cuir devient un vrai coeur d'artichaut lorsqu'il s'amourache.
    Les personnages secondaires sont dans l'ensemble bien mieux réussis. Citons Ralph – le meilleur ami d'Eugene, régulièrement interdit de sortie par sa femme et complètement soumis aux caprices de cette dernière. Il y a Néron, le neveu d'Eugène – qu'il surnomme « Minimonstre » – , une boule de nerfs increvable prenant un plaisir fou à faire souffrir son entourage. Il insulte, mord, frappe, vole, fugue... et a déjà un casier digne d'un ado délinquant... Ajoutons encore Dolly et Letitia, deux vieilles dames pour le moins spéciales auxquelles Eugene a trop souvent affaire à son goût.

    Bien que la quatrième de couverture parle de « magistrale fable moderne sur les vices et vertus de notre temps » ou encore de roman « brillant du début jusqu'à la fin » et « parsemé de références subtiles » il est difficile de voir dans ce roman autre chose qu'un polar très moyen, voire médiocre, à l'intrigue poussive, seulement sauvé du naufrage par une galerie de personnages originaux.

    /5