Marc Lecas, la soixantaine tranquille, a une situation stable et on ne peut pas dire que son couple aille mal. Une fois par an il va voir sa fille, Anne, à l'hôpital psychiatrique, pour son anniversaire. Cette année, il décide d'aller la voir avant la date habituelle, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Une envie subite, comme celle qu'il a eue en quittant un ami au restaurant en plein milieu du repas, ou ce chat qu'il a tout à coup décidé d'acheter. Alors qu'il se contente généralement d'une petite promenade avec elle dans le jardin de l'institut, Marc convainc les médecins de prendre Anne pour le week-end, direction Le Touquet.
Cette première destination n'est que le début d'une longue aventure, père et fille n'ayant vite plus aucune envie de rentrer. Où aller ? Ils ne le savent pas vraiment, mais ils ont bien une petite idée : loin...
Le Grand Loin a maintenant comme un arrière-goût prémonitoire. Pascal Garnier s'en est allé le rejoindre, ce 5 mars, nous laissant de nombreux romans derrière lui.
Ce nouveau texte est fidèle à l'ensemble de son oeuvre. On y retrouve la grande affection qu'il avait pour ses personnages, des gens ordinaires dont le destin bascule un jour, sans que cela ne s'explique forcément de manière cartésienne. A partir de ce point de rupture, ils sont embarqués dans quelque chose qui sort du commun, quelque chose qui les dépasse. Ici, Marc décide de partir avec sa fille, sur un coup de tête, et ne parvient plus à rentrer. Il ira donc jusqu'au bout de sa fuite en avant. Pascal Garnier, c'est aussi un vrai talent de styliste, un ciseleur de phrases. On lui a parfois reproché la brieveté de ses romans, mais pourquoi faire long quand on sait si bien faire simple. Comme il le dit lui-même, avec humour : « Certains auteurs sont faits pour le marathon et d'autres pour le sprint. Je fais sans doute partie de la seconde catégorie. Les bouquins ne se vendent pas encore au poids ». Aux longues phrases, il préfère donc quelques mots simples, lourds de sens ; des phrases courtes qui veulent dire beaucoup. Cette habileté à manier les mots se ressent aussi bien dans ses descriptions que dans ses dialogues, de grande qualité.
Tous ceux qui ont connu le bonhomme insistent sur ce point : il adorait rire, et faire rire. Son humour bien à lui, plutôt noir forcément, mais sans tomber dans le cynisme permanent, est présent dans chacun de ses romans, pour le plus grand plaisir du lecteur.
Avec ce décès prématuré, la littérature française perd un grand auteur. Les éditions Zulma publieront en mai Les Insulaires et autres romans, réunissant La Place du mort, Les Insulaires et Trop près du bord. Pour se consoler et se souvenir, on relira l'œuvre – très riche – de Pascal Garnier, et notamment La Théorie du panda et Comment va la douleur ? Forcément, aujourd'hui, ça ne va pas fort. Salut l'artiste !
Marc Lecas, la soixantaine tranquille, a une situation stable et on ne peut pas dire que son couple aille mal. Une fois par an il va voir sa fille, Anne, à l'hôpital psychiatrique, pour son anniversaire. Cette année, il décide d'aller la voir avant la date habituelle, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Une envie subite, comme celle qu'il a eue en quittant un ami au restaurant en plein milieu du repas, ou ce chat qu'il a tout à coup décidé d'acheter. Alors qu'il se contente généralement d'une petite promenade avec elle dans le jardin de l'institut, Marc convainc les médecins de prendre Anne pour le week-end, direction Le Touquet.
Cette première destination n'est que le début d'une longue aventure, père et fille n'ayant vite plus aucune envie de rentrer. Où aller ? Ils ne le savent pas vraiment, mais ils ont bien une petite idée : loin...
Le Grand Loin a maintenant comme un arrière-goût prémonitoire. Pascal Garnier s'en est allé le rejoindre, ce 5 mars, nous laissant de nombreux romans derrière lui.
Ce nouveau texte est fidèle à l'ensemble de son oeuvre. On y retrouve la grande affection qu'il avait pour ses personnages, des gens ordinaires dont le destin bascule un jour, sans que cela ne s'explique forcément de manière cartésienne. A partir de ce point de rupture, ils sont embarqués dans quelque chose qui sort du commun, quelque chose qui les dépasse. Ici, Marc décide de partir avec sa fille, sur un coup de tête, et ne parvient plus à rentrer. Il ira donc jusqu'au bout de sa fuite en avant.
Pascal Garnier, c'est aussi un vrai talent de styliste, un ciseleur de phrases. On lui a parfois reproché la brieveté de ses romans, mais pourquoi faire long quand on sait si bien faire simple. Comme il le dit lui-même, avec humour : « Certains auteurs sont faits pour le marathon et d'autres pour le sprint. Je fais sans doute partie de la seconde catégorie. Les bouquins ne se vendent pas encore au poids ». Aux longues phrases, il préfère donc quelques mots simples, lourds de sens ; des phrases courtes qui veulent dire beaucoup. Cette habileté à manier les mots se ressent aussi bien dans ses descriptions que dans ses dialogues, de grande qualité.
Tous ceux qui ont connu le bonhomme insistent sur ce point : il adorait rire, et faire rire. Son humour bien à lui, plutôt noir forcément, mais sans tomber dans le cynisme permanent, est présent dans chacun de ses romans, pour le plus grand plaisir du lecteur.
Avec ce décès prématuré, la littérature française perd un grand auteur. Les éditions Zulma publieront en mai Les Insulaires et autres romans, réunissant La Place du mort, Les Insulaires et Trop près du bord. Pour se consoler et se souvenir, on relira l'œuvre – très riche – de Pascal Garnier, et notamment La Théorie du panda et Comment va la douleur ? Forcément, aujourd'hui, ça ne va pas fort. Salut l'artiste !